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6.4 État de préparation du Canada en vue d’une croissance à faible intensité de carbone – Portrait détaillé de la situation – Marchés du travail et compétences

Définir notre avenir : Vers une économie faible en carbon
 

À long terme, la transition vers une économie sobre en carbone à l’échelle mondiale influera sur la structure de l’économie canadienne, peu importe la politique nationale mise de l’avant. Les secteurs vont évoluer – certains vont diminuer de taille ou disparaître, d’autres connaîtront une expansion, et il y aura aussi l’émergence de secteurs nouveaux et innovateurs. Ces transitions vont forcément avoir des répercussions sur le quotidien des Canadiens. Il y a influence réciproque entre, d’une part, le capital humain collectif du pays, et d’autre part l’ampleur et la rapidité de la réduction de l’intensité de carbone au niveau de l’économie et de ses secteurs ainsi que la capacité du Canada à profiter des avantages économiques pouvant découler du fait de contribuer aux efforts mondiaux de réduction des émissions de carbone.

La catégorie correspondant aux marchés du travail et aux compétences dans les plans de croissance à faible intensité de carbone semble être celle où la rigueur des éléments quantitatifs laisse le plus à désirer. Notre examen porte sur les conséquences de la transition vers une économie sobre en carbone pour la population active ainsi que sur l’état de préparation de cette dernière aux fins de répondre aux besoins de main d’oeuvre qui en découleront.

PROFIL EN BREF

À partir du moment où il existe une économie sobre en carbone, il faudra disposer de talents et de compétences en conséquence. Le taux de chômage global actuel et les pénuries de main d’oeuvre dans certains secteurs semblent dénoter une asymétrie possible au niveau du marché du travail canadien et rappellent l’importance de prévenir de tels déséquilibres structurels. Les pénuries de main d’oeuvre sont particulièrement fréquentes dans les secteurs des ressources naturelles, or, si l’attention a porté surtout sur les pénuries marquées dans le secteur des sables bitumineux, il existe aussi des préoccupations à cet égard qui touchent globalement les secteurs de l’énergie et des ressources. Ce risque peut également guetter les secteurs des BSFIC, dont bon nombre comprennent la production, le transfert et l’utilisation finale d’énergie; d’ailleurs, des représentants de beaucoup de ces secteurs anticipent ou ont eux mêmes déjà connu une pénurie de travailleurs qualifiés pouvant combler leurs besoins303.

La question est dès lors de savoir en quoi consiste une économie sobre en carbone, quels secteurs en font partie, combien d’emplois elle fournit et quelles compétences seront requises dans l’avenir. Il n’existe pas assez d’information pour pouvoir répondre avec confiance à ces questions concernant une économie « verte »304, et encore moins pour le segment correspondant à l’économie sobre en carbone. ECO Canada, organisme sectorielqq de ressources humaines dans le domaine de l’environnement, a cherché à circonscrire l’économie verte au Canada et à en mesurer la taille en 2010. Selon son étude, cette économie verte est de grande envergure et croît rapidement : le secteur environnemental comptait 682 000 travailleurs en 2010, contre 530 000 en 2007rr, à quoi il faut ajouter deux millions de Canadiens dont une partie du temps de travail est consacrée à des activités environnementales305.

Il y a deux facteurs qui rendent plus difficile l’estimation de l’emploi au sein de l’économie sobre en carbone. L’un a trait aux définitions. L’absence de définition cohérente permettant de délimiter la portée et l’ampleur du concept de faible intensité de carbone ou de faibles émissions de carbone empêche d’établir des estimations précises de la taille de l’économie sobre en carbone au Canada et également de faire des comparaisons entre administrations. L’autre facteur est l’attention insuffisante accordée aux données repères. Les études tendent à porter davantage sur l’emploi anticipé dans l’avenir, notamment sous l’angle des décisions d’investissement, que sur les statistiques relatives à l’emploi actuel.

ÉTAT DE PRÉPARATION

Nous nous sommes fondés sur quatre éléments pour évaluer l’état de préparation en vue d’une croissance à faible intensité de carbone au chapitre des marchés du travail et des compétences : (1) le nombre actuel d’emplois dans les secteurs des BSFIC par rapport à l’emploi total; (2) le potentiel de croissance de l’emploi dans une économie sobre en carbone; (3) l’existence de renseignements pertinents sous l’angle des politiques; (4) la capacité à recruter et à maintenir en poste des travailleurs à l’intérieur de l’économie sobre en carbone.

Le nombre d’emplois rattachés à l’économie sobre en carbone à l’heure actuelle est peu élevé. Selon une analyse commandée par la TRN en vue d’estimer la taille de l’économie sobre en carbone du Canada à l’heure actuelle et la taille que celle ci pourrait atteindre dans l’avenir, le nombre estimatif d’emplois directs imputables aux secteurs canadiens des BSFIC en 2010 était d’environ 42 000ss,306. Ce chiffre concorde en gros avec les résultats d’une analyse portant sur les secteurs canadiens des énergies propres, qui chiffre à 44 000 le nombre d’emplois directs dans ces derniers et à près de 33 000 ceux associés exclusivement aux secteurs des BSFIC307. Des études d’associations sectorielles et des rapports gouvernementaux vont dans le sens de ces macroestimations et laissent penser que celles ci sont peut être même modéréestt. Si l’on inclut les emplois indirects et induits, la contribution des secteurs des BSFIC à l’emploi fait plus que doubler (96 000)308.

La croissance attendue des secteurs des BSFIC a plusieurs conséquences pour les marchés du travail du pays. Au cours des années 2008 à 2010, la croissance annuelle de l’emploi dans les secteurs des technologies propres a affiché des taux exceptionnels, de l’ordre de 11 %309. Le secteur de l’énergie pris dans son ensemble devrait connaître une transformation importante à mesure qu’il réduit son intensité de carbone.À l’heure actuelle, ce secteur compte à lui seul 300 000 employés, dont 100 000 dans le secteur de l’électricité310. À mesure que l’économie canadienne réduit son intensité de carbone, il y aura une hausse substantielle du nombre d’emplois dans le secteur de l’électricité. Si l’on se fie aux experts et aux analyses des tendances, on peut s’attendre à une croissance émergente ou très rapide des secteurs des BSFIC311. Il ressort des analyses de la TRN que, même en l’absence de politiques additionnelles, le nombre d’emplois directs dans les secteurs des BSFIC atteindra 91 000 ETP et que l’emploi total (en incluant les emplois indirects et induits) s’élèvera à 224 000 ETP.

Le Canada dispose des talents et des capacités nécessaires dans le domaine de l’éducation pour opérer sa transition vers une économie sobre en carbone; toutefois, il n’a pas encore toute l’information requise pour procéder à une planification efficace en fonction de la demande de main d’oeuvre que cette transition engendrera dans l’avenir. Dans son rapport intitulé À la hauteur, la TRN soulignait qu’il « reste à améliorer la collecte des données sur l’éducation et le développement des compétences »312. Cette conclusion demeure valable. La mise sur pied d’ECO Canada à titre de conseil sectoriel en matière d’environnement constituait un point de départ nécessaire, et cet organisme s’efforce de combler les lacunes au chapitre des connaissances sur les marchés du travail de l’économie verte du Canada. La création d’un groupe de travail fédéral sur les emplois verts par Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) constitue aussi un premier pas prometteur.

Il demeure que la capacité du Canada en matière de statistiques n’est pas adaptée aux fins d’effectuer un suivi de la croissance dans le contexte d’une économie sobre en carbone. Le problème existe aussi dans d’autres pays, mais leurs dirigeants agissent rapidement afin de constituer la base de connaissances requise313.

Certains grands pays industrialisés et nombre d’économies émergentes ont mis de l’avant des plans dynamiques de croissance à faible intensité de carbone, dont beaucoup sont associés à des stratégies de création d’emploi et de perfectionnement des compétences. La cohérence existant entre ces deux priorités est la clé d’une transition réussie vers une économie sobre en carbone, ainsi que le note l’Organisation internationale du travail (OIT) dans son rapport de base où l’on compare 21 stratégies du genre314.

Tableau 16

Tableau 16


[qq] Les conseils sectoriels ont pour tâche d’évaluer et de mettre en oeuvre des solutions afin de combler les besoins en matière de ressources humaines dans l’optique à la fois des employeurs, des travailleurs, des enseignants, des associations professionnelles et des administrations publiques.

[rr] Ce chiffre a trait aux employés qui consacrent plus de la moitié de leur temps de travail à des activités environnementales.

[ss] Tous les chiffres relatifs à l’emploi sont exprimés sous forme d’équivalents temps plein (ETP).

[tt] Selon les estimations de l’Association canadienne de l’énergie éolienne, en 2011, le secteur de l’énergie éolienne aura créé à lui seul des emplois correspondant à 13 000 années personnes, en excluant le personnel affecté au fonctionnement et à l’entretien (Association canadienne de l’énergie éolienne 2012); pour sa part, le gouvernement de l’Ontario a indiqué que, au milieu de 2011, 20 000 emplois avaient déjà été créés dans le secteur des énergies propres grâce aux politiques rattachées à sa Loi sur l’énergie verte, et il a ajouté que d’ici la fin de 2012, le nombre total de ces emplois atteindra 50 000 (Ministère de l’Énergie de l’Ontario, sans date). En Colombie-Britannique, la GLOBE Foundation estime que les secteurs des bâtiments écologiques, de la gestion de l’énergie et de l’efficacité énergétique, des énergies propres et de remplacement ainsi que des activités d’investissement et de financement reliés au carbone étaient directement à l’origine de près de 70 000 emplois en date de 2008 (GLOBE Foundation, 2010).

[303] ECO Canada, 2010b.

[304] ECO Canada, 2010b.

[305] ECO Canada, 2010a, 2010b.

[306] Stiebert, 2012.

[307] Analytica Advisors, 2010.

[308] Stiebert, 2012.

[309] Analytica Advisors, 2010.

[310] Calvert et Cohen, 2011.

[311] ECO Canada, 2010b.

[312] Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, 2010.

[313] Bureau international du travail, 2011b.

[314] Bureau international du travail, 2011b.