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Summerhill Pyramid Winery – Étude de cas


FACE AUX ÉLÉMENTS : Renforcer la résilience des entreprises au changement climatique

 

« La diversité est synonyme de résilience. Nous devons régénérer, protéger et améliorer nos écosystèmes, qui sont naturellement diversifiés. »

– Gabe Cipes, directrice, Permaculture et biodynamique, Summerhill Pyramid Winery

couverture

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UN APERÇU //

Siège : Kelowna, Colombie-Britannique

Secteur : Industries agricoles

Nombre d’employés (en 2010) : 40 employés à temps plein durant toute l’année

Revenus (en 2010) : 6,9 millions CAD

Principaux déclencheurs de l’adaptation

Exploitation de nouvelles possibilités d’affaires dans le marché à créneaux des vins biologiques

Mesures d’adaptation au changement climatique

Protection des bassins hydrologiques

Renforcement de la résilience des écosystèmes

Avantages opérationnels

Reconnaissance internationale dans le marché des vins biologiques

Amélioration de la qualité des vendanges et de la protection phytosanitaire, sans recours aux pesticides ou aux engrais

Obstacles opérationnels

Coûts initiaux concernant la conception, la formation, la main-d’oeuvre et les intrants nécessaires à la mise en oeuvre des stratégies d’adaptation


PROFIL DE L’ENTREPRISE //

KELOWNA , COLOMBIE-BRITANNIQUE
www.summerhill.bc.ca
Dans la vigne (crédit photo : Summerhill Pyramid Winery)

   Dans la vigne (crédit photo :
   Summerhill Pyramid Winery)

Summerhill est un vignoble certifié biologique situé au coeur de la région des vignobles de la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique.

Le vignoble n’utilise ni pesticides, ni herbicides, ni engrais chimiques, et près du quart des 32 hectares du vignoble sont consacrés aux milieux humides et aux habitats naturels. Les propriétaires ont choisi la culture biologique en raison de leur engagement ferme envers la préservation de la pureté du bassin hydrologique et l’amélioration de la résilience des écosystèmes, bien que ce mode de gestion assure aussi l’adaptation de l’industrie agroalimentaire au changement climatique.

LA PRODUCTION DE VIN DANS L’OKANAGAN ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Même si son apport à l’économie provinciale est faible, la viticulture constitue un secteur économique important dans la région de l’Okanagan, et la croissance des vignobles et entreprises viticoles est remarquable dans la vallée. La Colombie-Britannique compte maintenant plus de 175 entreprises viticoles et plusieurs permis en attente par rapport à 13 en 1984.58 L’industrie de la viticulture est aussi intimement liée aux secteurs du tourisme et des loisirs, dont les perspectives de croissance sont bonnes.

La Vallée de l’Okanagan est située à la même latitude que les vignobles du nord de la France et de l’Allemagne, mais elle se trouve aussi à la pointe extrême nord du désert de Sonora, qui s’étend du Mexique jusqu’à la vallée de l’Okanagan. Les longs jours d’été, combinés à la latitude nordique de la vallée, permettent l’accumulation de sucres dans le fruit alors que la fraîcheur des nuits empêche la décomposition des acides. Le climat unique de la vallée et le type de sol, attribuable au mouvement des anciens glaciers, lui confèrent un microclimat unique parmi les régions viticoles du monde.

De 1901 à 1999, les températures minimales quotidiennes (minimums nocturnes) mesurées au Vernon Coldstream Ranch de la vallée de l’Okanagan ont augmenté d’environ deux degrés.59 Les températures maximales quotidiennes ont également augmenté, mais de façon moindre. La hausse des températures est corroborée par les records de températures enregistrés à Kamloops, Summerland et Cranbrook indiquant une tendance au réchauffement dans toute la région. Ce réchauffement est associé à une hausse des jours sans gel dans la région : Summerland a enregistré une augmentation moyenne de 3,1 jours sans gel par décennie de 1907 à 1993.60

Plusieurs stations météorologiques de la vallée indiquent également une tendance à la hausse des précipitations depuis les 100 dernières années. Reflétant une tendance mondiale plus vaste, l’augmentation des précipitations serait due à l’intensification du cycle hydrologique résultant de la hausse des températures.61 L’augmentation des précipitations devrait aussi être considérée dans le contexte de la croissance de la population et de la hausse importantes des besoins en eau dans le bassin de l’Okanagan, la région où l’approvisionnement en eau par habitant est le plus faible au Canada.62

L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le secteur de l’agriculture, qui dépend directement de variables climatiques, comme les précipitations et la température, est donc vulnérable à une vaste gamme d’effets inévitables du changement climatique.

La hausse des températures pourrait éventuellement surpasser les conditions optimales de culture. À l’inverse, des températures plus chaudes pourraient stimuler la productivité des récoltes et permettre de nouvelles cultures. Les changements des régimes hydrologiques auront une incidence directe sur la production agricole et les méthodes de production. Les effets du changement climatique sur les insectes nuisibles, les maladies et les plantes concurrentes affecteront la viabilité des cultures à leur emplacement actuel ou la qualité de celles qui demeurent viables.

Toute réduction du rendement et de la qualité des cultures en raison du changement climatique pourrait entraîner une diminution des revenus agricoles. Les dépenses imprévues pour la réparation de dommages causés par les températures extrêmes et d’autres risques naturels (comme les incendies de forêt) pourraient accroître davantage les conséquences financières.

Une gestion proactive des risques climatiques peut aider à s’assurer que le secteur agroalimentaire est prêt à gérer le changement climatique et même à en tirer profit. Les pratiques de gestion agricole employées à Summerhill proposent plusieurs exemples de stratégies d’adaptation, qui consolident toutes la capacité du vignoble à s’adapter au changement climatique.

AMÉLIORATION DE LA SANTÉ DES ÉCOSYSTÈMES

Les propriétaires de Summerhill adoptent des mesures pesées et réfléchies pour préserver la pureté du bassin hydrologique et améliorer la résilience des écosystèmes. Même si ces mesures visent la production de vin biologique plutôt que l’adaptation aux changements climatiques, leurs retombées renforcent la résilience de l’entreprise (et, bien entendu, de la région) au changement climatique.

La protection des bassins hydrologiques

La gestion des cultures biologiques prévoit l’usage de compost naturel et de jachères périodiques pour permettre au sol de se régénérer sans l’usage d’engrais. Elle favorise aussi le prolifération de plantes saines, plus susceptibles de se protéger contre les insectes nuisibles et les maladies, ce qui permet d’éviter l’usage de pesticides. En évitant l’usage de pesticides et d’engrais, l’une des principales sources de pollution diffuse agricole, le vignoble contribue à préserver la qualité de l’eau, un enjeu d’importance dans le bassin de l’Okanagan, où le changement climatique et la croissance démographique risquent d’exercer une pression sur les réserves d’eau dans les décennies à venir, annulant l’augmentation des précipitations. À la lumière des résultats d’un projet sur l’approvisionnement et la demande en eau dans le bassin de l’Okanagan, des pénuries d’eau sont susceptibles de survenir à la fin l’été, lorsque l’approvisionnement provenant des eaux de surface est bas et que la demande en eau et les besoins des écosystèmes sont élevés. La protection de la qualité de l’eau dans les bassins hydrologiques est particulièrement essentielle durant les pénuries, lorsqu’il y a moins d’eau pour diluer les polluants.

RenforcEr la résilience des écosystèmes

Les agriculteurs biologiques adaptent leurs plantations au sol et aux conditions météorologiques locales, assurant ainsi la croissance naturelle des cultures sans avoir recours aux pesticides et aux engrais chimiques. Cette approche permet de cultiver une variété de plantes au même endroit et de favoriser la biodiversité. Par exemple, Summerhill procède à des expériences sur la biodiversité écologique en plantant des herbes et en cultivant des champignons entre les vignes. Elle utilise l’espacement actuel entre les vignes pour mener ses expériences sur la culture-abri. Ces plantes indigènes devraient profiter l’une de l’autre et être moins susceptibles au dépérissement.

Les modes d’agriculture biologique présentent un bon potentiel pour renforcer la résilience de l’industrie agroalimentaire dans un contexte d’incertitude. La biodiversité accroît la résilience au changement des conditions environnementales et aux stress. Les cultures diversifiées sur le plan génétique et les écosystèmes riches en espèces sont plus susceptibles de s’adapter au changement climatique que les monocultures.63

En évitant les engrais synthétiques, les modes d’agriculture biologique doivent s’adapter aux conditions environnementales ambiantes. Les espèces et les variétés sont choisies pour leur degré d’adaptabilité au sol local et au climat ainsi que pour leur capacité d’attraction d’insectes et d’animaux bénéfiques à la gestion des insectes nuisibles. En outre, la culture-abri améliore la capacité du réseau trophique du soll à soutenir la résilience des écosystèmes agricoles à l’égard des chocs externes comme les phénomènes météorologiques extrêmes (p. ex. incendies de forêt et sécheresses), dont la fréquence risque d’augmenter avec le changement climatique.64

En protégeant les bassins hydrologiques et en renforçant la résilience des écosystèmes, Summerhill a amélioré la capacité du vignoble à s’adapter au changement climatique.

GESTION DE L’INCERTITUDE CLIMATIQUE

En favorisant la diversité et en améliorant sa résilience, Summerhill met en oeuvre des stratégies efficaces de gestion du changement climatique, qui se caractérise par des imprévus et des risques inconnus. En renforçant la résilience de l’écosystème agricole, le vignoble apprend à vivre dans un contexte de changement et d’incertitude, et enrichit son éventail de mesures pour réduire les risques.

AVANTAGES ET ENJEUX

Summerhill privilégie la production de vins biologiques parce qu’elle croit sincèrement que ce mode de viticulture donne de meilleurs produits que ceux issus des méthodes conventionnelles. La production biologique offre en outre à l’entreprise un certain nombre de retombées profitables. Tout d’abord, les produits « bios » représentent un choix éclairé et simple pour les consommateurs – un avantage important dans un marché où la sélection de produits est vaste et la confusion, fréquente. Comme la culture biologique implique de s’associer à des organismes de normalisation, elle profite de la promotion et de la mise en marché que font ces organismes certifiés. Enfin, les personnes qui partagent les valeurs des producteurs biologiques, notamment les consommateurs soucieux de la santé et de l’environnement, forment un marché en croissance de plus en plus important. Summerhill est bien positionnée pour tirer profit de ces possibilités d’affaires.

L’entreprise soutient que la préservation des bassins hydrologiques et le renforcement de la résilience des écosystèmes n’ont que des avantages. Même si elle doit assumer les coûts initiaux pour la conception, la formation, la main-d’oeuvre et les intrants, les mesures d’adaptation lui permettront, à long terme, d’être autosuffisante sur les plans financier et écologique, et de produire un minimum de déchets.

PROCHAINES ÉTAPES

Outre ses propriétés viticoles, Summerhill a établi des relations à long terme avec une douzaine de petits exploitants agricoles familiaux, tous des cultivateurs biologiques. Le vignoble prépare actuellement des programmes de formation et de réseautage afin de partager les expériences, les pratiques exemplaires et les leçons tirées de la production de vin biologique. En enrichissant les connaissances sur la durabilité et en consolidant les institutions et les réseaux locaux, les propriétaires espèrent encourager les actions à l’échelle régionale visant à protéger les bassins hydrologiques et à renforcer la résilience des écosystèmes, améliorant ainsi la capacité de la région à s’adapter au changement climatique.

POINT DE VUE SUR LE RÔLE DU GOUVERNEMENT

Summerhill collabore étroitement avec diverses parties intéressées en vue de protéger les bassins hydrologiques et améliorer la résilience des écosystèmes environnants. Par exemple, le vignoble collabore avec l’Okanagan Basin Water Board, qui vise à faciliter l’adaptation au changement climatique en améliorant l’utilisation de l’eau et en élaborant des politiques sur le partage de l’eau en période de pénurie. Cet organisme a adopté une approche proactive pour évaluer les risques et les effets éventuels du changement climatique sur l’approvisionnement et la demande en eau dans la région, en tenant compte d’autres changements régionaux importants, notamment la démographie, l’utilisation des terres, les conditions socioéconomiques et les changements technologiques. L’Okanagan Basin Water Board mène des consultations à grande échelle auprès des consommateurs et jouit d’un important soutien du milieu des affaires, qui considère que la conservation de l’eau doit faire partie de la planification des mesures d’urgence et d’une saine gestion en général. L’approche de l’Okanagan Basin Water Board met en évidence l’importance du rôle des Offices des eaux dans la promotion de l’adaptation dans la collectivité.

Le vignoble a également collaboré avec le Centre En’owkin, un organisme autochtone qui fait la promotion de la culture, de l’éducation, de l’écologie et des arts créatifs. Le centre a partagé nombre de ses connaissances sur l’usage des plantes indigènes et l’identification des espèces envahissantes. Enfin, le programme d’encouragements fiscaux pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE) de l’Agence du revenu du Canada a permis de sauver les semences de plantes à pollinisation libre et de propager des guildes de vivaces le long des plates-formes et des plaines inondables du bassin hydrologique naturel du vignoble ainsi qu’aux limites de la propriété de Summerhill. Le programme de RS&DE couvre 65 % des coûts indirects et plus de 40 % des matériaux pour cette recherche.


[m] Le « réseau trophique du sol » réfère à un système complexe d’organismes qui vivent dans le sol et à la façon dont ce système interagit avec l’environnement, les plantes et les autres animaux.
[58] British Columbia Wine Institute, ND
[59] Cohen et Kulkarni, 2001
[60] Cohen et Kulkarni, 2001
[61] Cohen et Kulkarni, 2001
[62] Okanagan Basin Water Board, 2010
[63] Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2007
[64] Scialabba et Müller Lindenlauf, 2010