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Rapport-entreprises – Chapitre 2: Risques et occasions d’affaires

Les entreprises gèrent déjà une foule de risques et de possibilités, dont certains associés à des conditions météorologiques extrêmes et imprévisibles. En quoi l’adaptation aux risques et possibilités liés au changement climatique serait-elle différente?


En fait, elle ne l’est pas. Pour nos industries primaires actives dans des régions éloignées, la planification et l’adaptation aux conditions climatiques sont des pratiques courantes. Dans la zone d’exploitation pétrolière et gazière extracôtière de l’est du Canada, on érige des plates-formes capables de résister aux ouragans de l’Atlantique, et les producteurs pétroliers et gaziers occidentaux travaillent dans les conditions climatiques les plus diverses. Nos producteurs agricoles affrontent les inondations et les sécheresses, et adaptent leur production selon des conditions météorologiques qui changent rapidement. Les secteurs forestier et touristique sont habitués aux changements déclenchés par l’environnement, notamment par des perturbations naturelles comme les incendies de forêt.

Toutefois, l’adaptation à court terme fondée sur les expériences passées diffère de l’adaptation à de nouvelles conditions climatiques à long terme (voir l’encadré 1).

Encadre 1

Les exemples suivants montrent comment divers secteurs deviennent vulnérables19. Certains risques sont internes, ou concernent tous les niveaux des chaînes d’approvisionnement, alors que d’autres touchent les aspects généraux de la société comme les marchés, les attentes des parties prenantes et la réglementation. Dans une économie mondiale où les stocks restreints, les longues chaînes d’approvisionnement et la livraison en temps opportun sont la norme, il ne faut pas exclure le risque de graves conséquences en cascade.

Pétrole et gaz // La hausse des températures et le déplacement des régimes hydrologiques posent des risques opérationnels : raccourcissement de la saison de forage hivernal, dommages aux gazoducs causés par des mouvements du sol attribuables aux inondations ou aux débordements des cours d’eau, quantité et qualité moindres des sources d’eau essentielles à l’exploration, à la production et au raffinage. Les tempêtes de la mer du Nord et les ouragans du golfe du Mexique ont déjà provoqué l’arrêt des activités et des pertes financières. Comme les conditions marines et atmosphériques entraîneront le réchauffement des océans, les risques financiers incluent la hausse des primes d’assurance, les coûts liés aux pannes, la perte de revenus et les coûts de reconstruction.

Mines // La dépendance aux actifs à long terme et hautement capitalistiques dans des régions parfois éloignées, des réseaux de transport étendus et des chaînes d’approvisionnement serrées rendent les activités minières vulnérables aux incidences matérielles des changements climatiques. Les risques opérationnels incluent le raccourcissement de la saison des routes d’hiver restreignant les transports aller-retour de produits extraits de mines éloignées, les variations saisonnières des cours d’eau qui compromettent les activités d’extraction et de transformation minières hydrophages, les conditions climatiques et autres perturbations extrêmes de plus en plus fréquentes et graves (comme les incendies de forêt) qui nuisent aux activités minières et aux chaînes d’approvisionnement. Le rejet dans la nature de résidus stockés dans du pergélisol qui se dégrade risque de causer des problèmes de sécurité, de responsabilité juridique et de réputation. Des débouchés pourraient cependant naître de la construction de nouvelles routes de transport dans l’Arctique en réchauffement et procurer un avantage concurrentiel aux mines du Nord.

Industries agricoles // La hausse des températures, les déficits ou surplus hydriques, les variations de prévalence de ravageurs et de maladies, ainsi que l’arrivée de végétaux concurrentiels ont des effets sur le rendement et la qualité des cultures, et exposent les producteurs à des risques opérationnels et financiers. À certains endroits, le réchauffement climatique pourrait augmenter le rendement des récoltes et créer des débouchés pour de nouvelles cultures. Mais des dépenses imprévues pour réparer les dommages causés par des phénomènes météorologiques extrêmes et autres perturbations comme les incendies de forêt constituent une autre source de risque financier lié au climat. La volatilité des rendements culturaux risque d’entraîner une hausse des coûts des intrants pour les fabricants d’aliments et de boissons, et pour certains producteurs de bioénergie.

Détail et distribution // L’intensité et le nombre accru de phénomènes météorologiques extrêmes entraînent des risques opérationnels comme les dommages aux infrastructures et aux stocks. Comme les détaillants comptent sur la stabilité des systèmes de transport et de logistique, la distribution des produits est également sensible aux perturbations et aux retards dans le transport, lesquels risquent d’augmenter en raison de la hausse du climat. Certains détaillants pourraient courir des risques financiers par suite d’une hausse des coûts de revient attribuable aux modifications de l’approvisionnement et des prix des matières premières (eau) et des produits de base (coton et carburant) causées par le dérèglement climatique. Le temps qu’il fait influe sur les préférences des consommateurs, et dans un climat en changement, cela créera des débouchés et des risques saisonniers, selon le produit. Ainsi, la recherche britannique montre-t-elle que les consommateurs préfèrent le cidre à la bière lorsqu’il fait 18 °C20.

Services publics — hydroélectricité // Une foule de risques opérationnels sont liés aux changements de température et de précipitations, et à l’accentuation des variations climatiques. La fonte des glaciers et les fluctuations du ruissellement de surface nuisent aux capacités de production, et la hausse des températures saisonnières risque de réduire la demande de chauffage hivernal et d’augmenter la demande de climatisation estivale. Les défis posés par la conception, l’exploitation et l’entretien des infrastructures comprennent l’adaptation des projets de production hydroélectrique prenant en considération le risque accru d’inondations et la prolongation des périodes de faible débit estival, la protection des lignes de transport et de distribution exposées aux vents extrêmes, aux incendies, aux tempêtes, au verglas ainsi qu’aux glissements de terrain et aux éboulements causés par des intempéries. La responsabilité juridique risque d’augmenter, depuis les dommages provoqués par des tiers jusqu’aux défaillances des infrastructures ou des actifs. Les risques stratégiques peuvent découler du besoin d’équilibrer les demandes concurrentes d’eau et celles provenant d’autres secteurs.

Technologie, médias et communications // La hausse du nombre et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes présente des risques opérationnels pour les entreprises de télécommunications qui comptent sur le rendement d’installations et de réseaux coûteux parallèlement aux réseaux de transmission électrique locaux. Les dommages causés aux infrastructures et aux biens occasionnant des interruptions de services qui irritent les clients peuvent entacher la réputation des entreprises, voire compromettre la sécurité des travailleurs. Les pannes de réseau et les interruptions de services entraînent des risques financiers, notamment la hausse des coûts d’entretien et de réparation des réseaux, les assurances et les interventions d’urgence. Les entreprises qui fournissent de nouvelles applications en TI destinées à consolider la résistance des sociétés en profiteront.

Services financiers // Le climat changeant risque d’éroder la solvabilité de clients dont les activités sont vulnérables et d’affecter les rendements à long terme de portefeuilles de placements spécialisés dans un ou plusieurs secteurs, dans des régions très exposées aux répercussions matérielles du changement climatique. Il existe des risques opérationnels liés aux perturbations de la continuité des activités à cause de phénomènes météorologiques plus fréquents et plus violents. Les gestionnaires d’actifs canadiens devront affronter des risques financiers liés à des répercussions matérielles à l’étranger. Les débouchés du secteur des services financiers incluent le financement de projets de modernisation d’infrastructures et de nouvelles constructions capables de résister à ces phénomènes. Les banques et les assureurs sont particulièrement bien placés pour promouvoir la gestion des risques climatiques et l’adaptation de l’ensemble de l’économie grâce à des exigences de prêt et en modifiant les primes d’assurance pour tenir compte du risque lié aux changements climatiques.

Les entreprises canadiennes prennent graduellement conscience des risques et des possibilités liés au changement climatique, mais peu prennent des mesures en prévision d’effets futurs21. Divers facteurs gênent les initiatives en ce sens y compris (1) la confusion au sujet des différences entre la réduction des émissions de GES, l’adaptation des politiques en matière d’émissions de GES et l’adaptation au climat futur, (2) la méconnaissance des avantages possibles de mesures immédiates pour faire face aux risques d’effets futurs, (3) le peu d’attention accordée aux changements graduels et à long terme des conditions climatiques et (4) la perception selon laquelle une approche réactive suffit22. L’information présentée ici peut contribuer à aplanir ces obstacles.


[16] British Standards Institution 2011
[17] British Standards Institution 2011
[18] Smith et coll., 2011
[19] Les exemples cités proviennent principalement de réponses canadiennes au Carbon Disclosure Project (CarbonDisclosure Project 2010) et de notre recherche relative aux Face aux éléments : Renforcer la résilience des entreprises au changement climatique (Études de cas).
[20] British Standards Institution, 2011
[21] Deloitte, 2011; Wellstea, 2011
[22] Voir les chapitres 2 et 4 du rapport Face aux éléments : Renforcer la résilience des entreprises au changement climatique (Rapport-conseil) de la TRNEE, qui inclut une discussion en profondeur sur les obstacles à l’adaptation des entreprises au Canada.