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Courant de changement – Chapitre 4.4 – Secteur minier

Chapitre quatre

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Secteur minier

Il y a de l’activité minière presque partout au Canada (figure 15). L’industrie des métaux et celle des minéraux exploitent surtout l’or, le cuivre, le plomb, le zinc, le minerai de fer, le charbon, l’amiante, le nickel, la potasse, le titane, l’aluminium, le platine, les diamants et l’uranium*. Dans son examen de l’utilisation de l’eau par le secteur des mines, la TRNEE s’est intéressée à l’exploitation et au traitement sur place des minerais métalliques et non métalliques. La description de l’utilisation de l’eau et des problèmes d’eau s’applique en général à l’exploitation minière en roche dure (métaux), en roche tendre (charbon), de l’uranium et de la potasse.

Le secteur minier n’est ni un grand utilisateur ou consommateur d’eau et ne voit pas la disponibilité de l’eau comme une contrainte ou un risque majeur à ses activités dans l’avenir. Mais puisque les mines peuvent avoir un impact de taille sur la qualité de l’eau et les écosystèmes environnants, la qualité de l’eau est l’un des facteurs de gestion les plus importants qu’il lui faut considérer.

FIGURE 15

Figure 15 : Principales régions minières du Canada

Importance économique du secteur minier pour le Canada*

L’industrie minière est un pilier de l’économie canadienne. En 2008, sa part du PIB national était de 40 milliards de dollars, dont 9 milliards de dollars provenaient de l’extraction minière et 31 milliards de dollars de la transformation et de la fabrication des métaux. Le Canada est l’un des leaders mondiaux de l’exploitation minière et se classe parmi les plus grands producteurs de minéraux et de métaux. L’industrie minière a exporté 19 % des marchandises canadiennes en 2008.

À long terme, le secteur minier devrait enregistrer une croissance modérée qui variera au gré des sous-secteurs du charbon, des métaux, des minerais non métalliques et des combustibles minéraux. Des améliorations sont prévues à moyen terme grâce, en bonne partie, aux sommes sans précédent de relance budgétaire et financière qui ont été injectées dans l’économie mondiale. On prévoit une croissance à long terme de la production d’uranium, de diamants et de potasse. En revanche, l’exploitation de charbon devrait décroître à moyen et à long terme en raison notamment du passage prévu à des technologies de production d’énergies moins polluantes.

Principales utilisations de l’eau

Les activités minières peuvent avoir un effet sur les ressources en eau à toutes les étapes : exploration, planification, développement et mise en service, exploitation et fermeture. Les facteurs importants à considérer en la matière pour un site minier comprennent : la gestion des eaux d’orage, des eaux d’exhaure et de l’apport d’eau souterrain; l’eau de procédé (comprend l’eau de recyclage et l’eau d’appoint); les débordements des bassins de résidus; et l’eau de contact. Il y a utilisation et gestion d’eau à presque toutes les étapes du cycle de vie d’une mine (tableau 7), mais cette utilisation intervient surtout aux étapes du développement et de la mise en service, de l’exploitation et de la fermeture.

Impacts potentiels des activités minières sur l’eau

La construction d’une mine peut altérer le débit des eaux de surface et souterraines parce qu’il faut construire des corridors d’accès (routes) ainsi que des installations et parce qu’il se fait des rejets dans les cours d’eau.

TABLEAU 7

Tableau 7 : Utilisation de l'eau selon l'étape et l'activité minière

Les activités minières risquent le plus de se répercuter à long terme sur les débits des eaux de surface et souterraines dans les bassins versants locaux et dans les réseaux fluviaux en aval. Toute eau entrant en contact avec le minerai ou la roche stérile doit être traitée avant d’être évacuée; le risque étant plus élevé dans le cas du minerai sulfuré. Toutes les activités minières, comme la préparation du terrain, l’extraction du minerai et des stériles, le traitement des minerais, la gestion des résidus et le transport des produits minéraux, utilisent de l’eau mais à différents degrés d’intensité (m³/tonne de minerai).

Dans la plupart des types d’exploitation minière, il s’utilise relativement peu d’eau lors de l’extraction du minerai et de la production minérale proprement dites. L’eau est surtout utilisée durant le forage et le dépoussiérage. Les mines de potasse, comme celles de la Saskatchewan, font notablement exception à cette règle La plupart des mines traitent les minéraux sur place. Les particules de minerai des mines en roche dure typiques font de plusieurs centimètres à un mètre et doivent donc être fragmentées pour séparer les minéraux des résidus et récupérer ceux-ci lors du traitement en aval. Durant la réduction granulométrique des particules dans les broyeurs, de l’eau est ajoutée et davantage de minéraux sont récupérés dans un liquide aqueux. L’eau sert aussi à dépoussiérer. Après les procédés de récupération des minéraux, les déchets (résidus) sont habituellement transportés par pipeline sous forme de boue aqueuse dans une installation de stockage des résidus. C’est là où la fraction solide se dépose et où l’on recycle autant d’eau que possible avant de l’acheminer à une usine de traitement pour pouvoir l’utiliser comme eau de procédé.

Dans la mesure du possible, les mines recyclent un maximum d’eau afin de réduire au minimum tant leurs besoins d’eau douce d’appoint provenant de sources superficielles ou souterraines, que la nécessité de traiter les eaux. Cela se fait en se pliant aux contraintes imposées par les exigences de qualité de l’eau, la disponibilité de l’eau et les facteurs à considérer relativement aux rejets. L’eau excédentaire qui est recueillie sur les terrains de la mine (et traitée d’abord si nécessaire) est rejetée si elle ne sert pas pour exploiter la mine et les systèmes connexes de traitement des minerais. Durant l’étape de la fermeture, la gestion de l’eau est importante pour éviter tout effet néfaste à long terme de l’entrée en contact de l’eau avec du minerai générateur d’acide et des déchets.

Principaux enjeux liés à l’eau

Le principal sujet de préoccupation auquel se bute l’industrie minière est la gestion de l’eau dont la qualité a été affectée par les travaux et le rejet potentiel de ces eaux dans l’environnement. Les deux grands enjeux d’une mine sont : la gestion des eaux et l’adaptation au changement climatique.

Gestion des eaux

Pour la plupart des mines au Canada, la question clé n’est pas la rareté mais l’excès d’eau (sauf dans les Prairies et dans le Nord). Par conséquent, la gestion des eaux et, en particulier, la ségrégation de l’eau propre et des eaux de « contact » par le détournement en amont de l’eau de ruissellement propre, est l’une des questions les plus importantes du point de vue opérationnel.

Le « bilan hydrique du site » est un outil important de gestion de l’eau des établissements miniers et désigne la nécessité de mesurer toute l’eau qui entre sur le site et qui en sort. Le défi de l’établir est qu’il faut tenir compte de facteurs tels que les phénomènes extrêmes (qui entraînent souvent l’arrivée sur le site de grands volumes d’eau), la fonte annuelle des neiges et l’emplacement du site où se trouve la ressource, d’où la nécessité pour les entreprises de tenir compte de l’hydrologie du site.

Bien que l’utilisation non rationnelle de l’eau par le secteur soit relativement faible, la gestion des eaux d’une mine peut avoir un effet important sur la qualité de l’eau d’une région si l’eau contaminée y est rejetée dans le milieu ambiant (par ruissellement en surface ou rejet d’eaux usées). Cela peut ensuite nuire aux utilisateurs de l’eau en aval et affecter la santé des écosystèmes. Transformer des lacs naturels en bassins de retenue de résidus est l’un des grands problèmes résultant de l’utilisation d’eau à des fins d’exploitation minière*. C’est là une option qu’envisagent certaines mines au Canada, mais à laquelle les organismes de réglementation fédéraux donnent rarement leur aval.

Le traitement des eaux coûte cher et les mines se donnent beaucoup de mal pour gérer l’empreinte hydrique d’un site, et ce, tant pour réduire les coûts du traitement des eaux que pour atténuer le plus possible l’impact des travaux d’exploitation sur la qualité de l’eau en aval. Dans le cadre de cet effort, les mines ségréguent les eaux propres et usées afin de réduire le volume d’eau à traiter.

Adaptation au changement climatique

Les changements climatiques, comme ceux qui affectent la quantité de précipitations, la distribution des précipitations et l’augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes, ont des effets importants sur l’exploitation minière. Comme le constate le rapport Franc Nord de la TRNEE sur l’adaptation de l’infrastructure du Nord canadien au changement climatique, la fonte du pergélisol aura un impact considérable sur la stabilité des structures artificielles[102]. Il faudra en tenir compte dans la conception des futures installations de retenue des résidus afin d’éviter que les digues de sécurité de ces bassins ne cèdent, car des résidus pourraient s’en échapper et avoir un impact sur l’environnement. Compte tenu de l’incertitude croissante causée par l’éventualité de précipitations extrêmes, ce problème risque de se produire plus souvent dans l’avenir. Se doter d’un plan robuste et adaptatif de gestion des eaux aidera l’industrie à composer avec l’incertitude inhérente à de tels phénomènes.

Une étude récente a constaté que : 1) bien que les effets du changement climatique soient mal compris, la majorité des exploitations minières courront des risques climatiques, notamment à l’étape vulnérable de la fermeture; et 2) que ce secteur se préoccupe peu du changement climatique et ne se prépare pas beaucoup en conséquence[103]. Toutefois, un certain nombre d’initiatives et de rapports récents tiennent compte du changement climatique pour les pratiques d’exploitation minière et les lignes directrices en la matière*.

Leviers, défis et possibilités

Ce qui motive le plus le secteur minier à faire des économies d’eau, ce sont les coûts de l’énergie, largement associés au traitement de l’eau. Il y a également comme levier secondaire l’appel à l’industrie d’améliorer ses pratiques globales de gestion environnementale, car la qualité de l’eau des sites miniers peut avoir un impact important sur les écosystèmes aquatiques environnants. Il semble y avoir encore des possibilités d’économiser l’eau à l’étape du traitement des minerais. De nombreuses entreprises y travaillent en se fixant des objectifs d’économie d’eau. Certaines entreprises participent à la Global Reporting Initiative. Dans l’ensemble, l’industrie cherche à faire du meilleur développement durable et à gagner en légitimité sociale.

En résumé

Il est peu probable que la disponibilité de l’eau au Canada limite la viabilité du secteur des mines parce que celui-ci n’est pas un grand utilisateur d’eau. Les conséquences possibles des activités du secteur minier sur les bassins versants où les mines sont situées sont au coeur de la problématique. La qualité de l’eau est, et restera, l’une des composantes les plus cruciales des objectifs opérationnels et stratégiques de l’industrie. Bien que l’utilisation non rationnelle de l’eau soit faible, le secteur est très conscient de l’utilisation qu’il fait de la ressource et s’efforce continuellement de l’améliorer en prenant des mesures volontaires et en se pliant aux exigences réglementaires. Ils savent d’expérience que les pratiques de gestion optimale et les solutions innovatrices lui sont profitables.

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[a] Les mines d’agrégats (p. ex. les mines de sable et de gravier) n’ont pas fait l’objet d’étude dans le présent rapport.

[b] L’information sur la situation économique du secteur minier est tirée du rapport intitulé Rapport sur la situation de l’industrie minière canadienne : faits et chiffres 2009. Association minière du Canada. Consulté à : http://www.mining.ca/www/media_lib/MAC_Documents/ Publications/2009/2009_F_and_F_French.pdf.

[c] Il est permis au Canada d’utiliser les lacs d’eau douce comme bassins de retenue des résidus aux termes des règlements de la Loi sur les pêches.

[d] Code de pratiques écologiques pour les mines de métaux, Environnement Canada, 2009; Directives pour la sécurité des barrages, Association canadienne des barrages; Un guide de gestion des parcs à résidus miniers, Association minière du Canada.