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3.3 L’utilisation des approches axées sur le cycle de vie – perspective nationale

Perspectives pour le Canada : adopter une approche axée sur le cycle de vie à l’appui du développement durable

 


SECTEUR PUBLIC (FÉDÉRAL)

Le gouvernement du Canada comptait sur un programme robuste et actif d’élaboration de données reliées au cycle de vie et de promotion de la PCV dans les années 1990. Ce programme avait été établi en vue de donner suite au Protocole national sur l’emballage du Conseil canadien des ministres de l’Environnement (CCME), aux termes duquel l’industrie et l’État devaient coopérer afin de réduire le volume de déchets (emballages) expédiés à des sites d’enfouissement47. Dans le but de résoudre ce problème, les décideurs ont utilisé les outils alors à leur disposition afin de réduire les impacts des produits sur l’environnement; ils ont ainsi produit des données sur les matières et ont mis l’accent sur la CE et l’ACV.

Au cours de la dernière décennie, le Canada n’a pas œuvré activement à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques et de programmes reposant sur des approches axées sur le cycle de vie selon une démarche coordonnée, et ses activités à cet égard ont été plus limitées que celles des pays à l’avant garde à ce chapitre. Le Canada doit pourtant suivre cette tendance mondiale. Il y a peu d’initiatives fédérales en cours qui font explicitement appel à une approche axée sur le cycle de vie. Dans l’administration fédérale, on ne retrouve pas de cadre destiné à orienter les décideurs en vue d’incorporer des approches axées sur le cycle de vie aux politiques, à la conception des programmes ou aux activités de communications. Il existe de ce fait des activités disparates comportant certains éléments propres aux approches axées sur le cycle de vie mais sans refléter totalement de telles approches, celles ci englobant l’ensemble du cycle de vie des produits et services ainsi que de multiples effets environnementaux. Certaines des initiatives les plus pertinentes sont mentionnées dans le tableau suivant et sont décrites dans la suite du rapport. Précisions qu’il ne s’agit nullement d’une liste exhaustive des activités reliées aux approches axées sur le cycle de vie dans l’administration fédérale.

Au cours de la dernière décennie, le Canada n’a pas œuvré activement à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques et de programmes reposant sur des approches axées sur le cycle de vie selon une démarche coordonnée, et ses activités à cet égard ont été plus limitées que celles des pays à l’avant garde à ce chapitre.

TABLE 2. EXEMPLES D’INITIATIVES FÉDÉRALES RELATIVES AUX APPROCHES AXÉES SUR LE CYCLE DE VIE

De la fin des années 1980 au milieu des années 1990, Environnement Canada (EC) a mené des activités importantes ayant trait aux approches axées sur le cycle de vie, notamment la création d’une base de données d’ICV (la Base de données canadienne des matières premières), des travaux de promotion et d’orientation afin d’appuyer l’adoption de la gestion du cycle de vie (GCV) dans le secteur privé, le soutien de projets reliés aux approches axées sur le cycle de vie de concert avec des organismes internationaux comme le PNUE et l’ISO, et l’élaboration d’outils à l’intention de l’industrie et des consommateurs, comme le programme d’étiquetage écologique ÉcoLogo. La Base de données canadienne des matières premières avait pour objet de mettre des données d’ICV canadiennes à la disposition des entreprises d’ici souhaitant hausser le rendement environnemental de leurs produits48. Constituée à la fin des années 1990 et mise à la disposition du public en 2001, cette base de données contenait des données d’ICV depuis l’extraction des ressources jusqu’au départ usine pour des matières premières (comme l’acier, l’aluminium, le plastique, le verre, le papier et le bois d’œuvre), ces données étant fournies par les associations sectorielles et les entrepreneurs. La base de données est hébergée à l’Université de Waterloo, mais les données ne sont plus à jour et ne peuvent donc plus être utilisées49.

En 1997, conformément à son mandat consistant à fournir une orientation au secteur privé sur la prévention de la pollution, Environnement Canada a publié le document Gestion du cycle de vie environnemental : Guide pour de meilleures décisions commerciales. Ce guide avait pour but d’aider le secteur privé à composer avec les pressions s’exerçant au sein de leur environnement afin de poursuivre ses activités et de maintenir sa rentabilité. Selon EC, « la gestion du cycle de vie (GCV) concerne les efforts pour minimiser les charges sur l’environnement pendant tout le cycle de vie d’un produit ou d’un service. Le cycle de vie comprend toutes les activités de fabrication, d’utilisation et d’élimination d’un produit. […] L’adoption d’une perspective de gestion du cycle de vie assure que les choix d’une compagnie sont bons pour l’environnement, ce qui est dans l’intérêt de tous. Les entreprises mettant en œuvre la gestion du cycle de vie peuvent aussi bénéficier d’avantages compétitifs, y compris des réductions de coûts, et d’un rayonnement public amélioré50

En 1988, Environnement Canada a lancé le programme Choix environnemental, qui prévoyait la certification de produits en fonction de critères liés au cycle de vie et associés à l’étiquette environnementale ÉcoLogo (étiquette écologique de type I selon la définition de l’ISO). La gestion de ce système d’étiquettes a été modifiée depuis et est maintenant assurée par TerraChoice, propriété des Laboratoires des assureurs du Canada, organisme scientifique international indépendant dans le domaine de la sécurité. Le programme couvre actuellement 120 catégories de produits et plus de 7 000 produits sont certifiés51. Le programme tient compte de nombreux attributs (p. ex., consommation d’énergie et d’eau, produits chimiques toxiques, émissions de carbone, possibilités de recyclage) selon l’ensemble du cycle de vie des produits, mais il ne se fonde pas sur une ACV telle que définie par l’ISO.

Dans le cadre de son programme de conception et d’élaboration de produits, Industrie Canada, en partenariat avec Manufacturiers et exportateurs du Canada (MEC) et Design Exchange, s’est penché sur l’utilisation de la conception écologique, ou écoconception, dans les industries canadiennes. Les résultats de cet examen ont été présentés en 2009 dans un rapport intitulé L’écoconception : Innover pour demeurer compétitif52. On y fait état des tendances et des avantages rattachés à l’utilisation de la conception économique aux fins d’aider les entreprises canadiennes à hausser leur capacité concurrentielle à l’échelle tant nationale qu’internationale53. Les principaux avantages de l’écoconception sont l’accès aux marchés étrangers, une hausse des ventes et une meilleure différenciation des produits. Les entreprises ont aussi utilisé l’écoconception pour se conformer à la réglementation et répondre à la demande de produits plus écologiques de la part des consommateurs. Les PME avaient toutefois certaines difficultés à y recourir en raison notamment des coûts financiers que cela exige ainsi que du manque d’expertise en la matière et d’une connaissance lacunaire des avantages pouvant en découler54

Ressources naturelles Canada (RNCan) a concentré ses efforts sur les émissions de GES, mettant au point un outil appelé GHGenius; il s’agit d’un modèle reposant sur l’ACV (de l’achat de matières premières à l’utilisation finale) de carburants actuels et futurs destinés aux transports. L’outil sert à déterminer la quantité de GES produite par un large éventail de carburants et de technologies traditionnels et de substitution, la somme d’énergie consommée et produite, et le rapport coût efficacité pour l’ensemble du cycle de vie. Les données d’ACV que requiert GHGenius sont recueillies par des ministères et organismes fédéraux (p. ex., Statistique Canada, RNCan et EC), l’Office national de l’énergie et des associations sectorielles. L’outil peut évaluer le rapport coût efficacité de différentes stratégies d’après les résultats de l’ACV et le coût du carburant et des véhicules. Il est dès lors possible de procéder à des comparaisons entre les stratégies de réduction de GES axées sur les véhicules et les stratégies relatives aux carburants55

Depuis 2007, RNCan participe aux travaux de l’International Resource Panel du PNUE. Ce groupe fournit des renseignements aux décideurs concernant l’utilisation durable des ressources naturelles à la lumière des impacts environnementaux connexes déterminés sur l’ensemble du cycle de vie56. Le Secteur des minéraux et des métaux de RNCan a pris part aux travaux de ce groupe ayant trait aux taux de recyclage des métaux. Également, en coopération avec plusieurs ministères et organismes, dont EC, le ministère des Pêches et Océans (MPO) et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI), RNCan formule les commentaires et les orientations du gouvernement du Canada au regard des travaux de recherche et des activités du groupe, par exemple circonscrire l’utilisation des ressources naturelles et les impacts environnementaux associés à la croissance économique, les impacts environnementaux des produits et des matières, l’évaluation des biocarburants, les flux internationaux de métaux et l’efficience au chapitre de l’eau57

Rendue publique en octobre 2010, la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD) comporte plusieurs mentions des approches axées sur le cycle de vie58. D’abord, on y précise qu’il conviendrait de recourir à la PCV et à la REP afin de réduire à la fois la production de déchets dangereux et leur impact sur l’environnement et la santé humaine§§. On indique ensuite que les approches axées sur le cycle de vie, notamment les ACV, devraient être utilisées dans le cadre de la gestion des locaux et des bâtiments afin d’atteindre un degré de rendement environnemental élevé (p. ex., certification LEED – Leadership in Energy and Environmental Design).

Il incombe à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC) de mettre en œuvre la Politique d’achats écologiques du gouvernement du Canada. Instaurée en 2006, cette politique vise à assurer un leadership environnemental et à stimuler l’innovation de la part des entreprises canadiennes afin d’étendre l’offre de biens et de services à privilégier sur le plan environnemental, grâce à la prise en compte des aspects environnementaux ainsi que des impacts éventuels et des coûts rattachés au cycle de vie des biens et des services acquis. Les achats écologiques constituent désormais un facteur clé entrant dans la gestion des biens et des services, leur valeur au Canada dépassant les 5 milliards de dollars59.

Le Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT) est responsable de la Politique sur la gestion des biens immobiliers, qui contient des mentions relatives aux approches axées sur le cycle de vie (se reporter à l’encadré du Chapitre 4)60.

Le Centre national de recherches du Canada (CNRC) a mené des travaux portant sur l’ACV dans le cadre d’un programme phare des biomatériaux industriels. Ce programme national porte sur la chaîne de valeur, depuis la semence jusqu’au polymère et au produit composite61. L’ACV sert à informer l’industrie au sujet des moyens de réduire l’impact environnemental des produits mis au point. Ces travaux sont menés par l’équipe d’évaluation des impacts du cycle de vie du CNRC62.


SECTEUR PUBLIC (PROVINCES ET TERRITOIRES)

Différentes initiatives reliées aux approches axées sur le cycle de vie se déroulent dans les provinces et les territoires, en particulier au Québec. Bon nombre de ces initiatives ont trait à la responsabilité élargie des producteurs (REP) ainsi qu’à la mesure et à la réduction des émissions de GES. Quelques unes de ces initiatives sont décrites dans la présente section.

Le gouvernement du Québec joue un rôle de chef de file parmi les provinces et les territoires en ce qui touche la promotion des approches axées sur le cycle de vie. Aux termes du projet de loi 118, Loi sur le développement durable, les ministères doivent se doter de stratégies de développement durable permettant de tenir compte du cycle de vie des produits et des services grâce à l’élaboration d’outils ou de modèles63. Le gouvernement du Québec met également un programme d’empreinte carbone appelé Empreinte Carbone Québec en vue de mesurer et de communiquer les émissions de GES associées aux produits commercialisés dans la province. Il finance en outre l’élaboration d’une base de données d’ICV (se reporter à l’encadré qui suit)64.


La plupart des initiatives provinciales et territoriales reliées aux approches axées sur le cycle de vie ont mis l’accent sur la responsabilité élargie des producteurs (REP) de manière que cette responsabilité inclue l’emballage et l’élimination des produits.

En 2009, le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (CCME) a rendu public le Plan d’action pancanadien pour la responsabilité élargie des producteurs72, dont le but est d’accroître l’utilisation et l’uniformité des programmes de REP au pays, en se concentrant au départ sur un certain nombre de produits prioritaires (emballage, produits automobiles, produits électroniques, etc.). Chaque province et territoire mettra le Plan d’action en œuvre en créant son programme de REP. Toujours en 2009, le CCME a publié la Stratégie pancanadienne pour l’emballage écologique73. Cette stratégie fait partie du plan plus général en matière de REP; elle a été élaborée en raison de l’important volume de déchets que représentent les emballages au Canada. Son objectif est d’accroître l’uniformité des programmes de REP axés sur l’emballage au Canada ainsi que de soutenir le recours à des emballages plus écologiques par l’ensemble des intervenants.

D’autres initiatives provinciales et territoriales reliées aux approches axées sur le cycle de vie visent principalement la réduction des émissions de GES grâce aux ACV. À titre d’exemple, l’initiative d’analyse du cycle de vie (Life Cycle Analysis Initiative) de l’Alberta Energy Research Institute (AERI, qui fait maintenant partie d’Alberta Innovates – Energy and Environment Solutions) a fait appel aux ACV pour évaluer les émissions de GES associées à différentes formes de production de pétrole. Dans le cadre de ces travaux de recherche, on a fait une comparaison portant sur le pétrole brut nord américain et importé en se fondant sur la norme de faible teneur en carbone de la Californie et dans l’optique des impacts possibles sur le secteur canadien du pétrole74.

Le gouvernement du Manitoba se sert des ACV pour déterminer où et comment il peut hausser l’efficience énergétique dans le secteur de l’agriculture et, par le fait même, réduire les émissions de GES. Au Manitoba, Agriculture, Alimentation et Initiatives rurales a examiné les cultures agricoles et l’élevage du bétail dans la province et a procédé à une ACV portant sur la culture du blé selon la méthode conventionnelle avec labour et la méthode sans labour. L’analyse a aussi porté sur les impacts environnementaux des intrants agricoles, comme les semences, l’engrais, le carburant et les pesticides. Un certain nombre d’activités agricoles ont aussi été examinées, comme le séchage du grain, le transport du grain, l’épandage de pesticides et la récolte. Étant donné que l’analyse traitait avant tout sur l’exploitation agricole, sa portée n’allait pas au-delà de la production à la ferme75.

En Alberta, l’administration provinciale a mené une initiative d’ACV portant sur différents produits agricoles (pommes de terre, poulet, œufs et canola). Le projet en question, nommé Emerging Environmental Market Opportunities – Environmental Footprinting Opportunities in Agriculture, a été lancé par Alberta Agriculture and Rural Development. Le financement de ce projet, dont les coûts sont partagés par la province et le Canada, a été fourni par Agriculture et Agroalimentaire Canada par l’entremise du Fonds Agri flexibilité76.

L’initiative Climate Action Toolkit est le fruit d’un partenariat entre la province de la Colombie Britannique, l’Union of British Columbia Municipalities et le programme Smart Planning for Com¬munities du Fraser Basin Council. Conçue de manière à aider les collectivités de la Colombie Britannique à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à mettre en œuvre leur charte sur les changements climatiques, cette trousse d’outils comprend une orientation sur les usages possibles de l’ACV pour aider les collectivités et leurs administrations publiques à atteindre leurs cibles reliées aux changements climatiques. La trousse fournit des renseignements généraux sur la manière d’utiliser l’ACV pour estimer le coût environnemental des projets77.


SECTEUR PRIVÉ

Le secteur privé est à l’avant plan de l’utilisation des approches axées sur le cycle de vie au Canada. Ainsi que nous l’avons déjà mentionné, le recours à de telles approches rapporte différents avantages, par exemple une baisse du coût de production grâce à des gains d’efficience et à une diminution du coût des matériaux, de même qu’une meilleure image pour les entreprises et leurs produits, ce qui hausse d’autant leur compétitivité. Les grandes sociétés jouent un rôle déterminant à ce chapitre, car elles disposent des ressources financières et humaines requises pour définir et appliquer des approches axées sur le cycle de vie. Par contre, les PME sont moins susceptibles d’employer ce genre d’approche, considérant les coûts en jeu et la capacité requise, sans compter que ces entreprises connaissent mal les avantages pouvant en découler78.

Des détaillants comme Canadian Tire et RONA adoptent des approches axées sur le cycle de vie dans le cadre de leurs opérations commerciales. Canadian Tire utilise ces approches à différentes fins, par exemple à titre de fondement de sa stratégie de viabilité opérationnelle. Les approches axées sur le cycle de vie servent aussi à déterminer les maillons de la chaîne de valeur où des économies peuvent être réalisées. Ainsi, Canadian Tire a réduit l’emballage de certains de ses produits, ce qui a entraîné une baisse des coûts de transport et une diminution des matières premières utilisées. Cette société a également revu la conception de produits pour les rendre plus compacts, ce qui a là encore donné lieu à une baisse des coûts au titre du transport et des matières premières80. L’encadré qui suit fournit de plus amples renseignements sur les initiatives de Canadian Tire faisant intervenir des approches axées sur le cycle de vie, notamment l’établissement des coûts du cycle de vie (ECCV) et l’analyse du cycle de vie en fonction des entrées sorties économiques.

RONA compte sur une plate forme d’ACV exhaustive qui lui a valu des compliments de la part de l’État ainsi que d’ONG (dont Greenpeace). La société utilise cet outil pour déterminer et choisir des produits à faible impact en vue de les vendre dans ses magasins. Les mentions RONA ECO et Écoresponsable permettent au consommateur de reconnaître ces produits. De plus, RONA encourage ses fournisseurs à recourir à l’ACV dans le cadre de leurs activités82.

Des sociétés du secteur des ressources naturelles ont elles aussi recours aux approches axées sur le cycle de vie. Shell utilise l’ACV pour évaluer les émissions de GES et les impacts connexes associés à la production de ses carburants. Cette information peut ensuite servir à différentes fins, par exemple à évaluer les impacts environnementaux de produits nouveaux et à faire une analyse comparative portant sur des actifs existants afin d’établir des priorités d’investissement83. Les approches axées sur le cycle de vie sont également mises à contribution dans le secteur de la foresterie pour étudier l’impact environnemental d’ensemble des produits du bois, surtout dans les secteurs du bâtiment et de la construction (se reporter à l’étude de cas relative à FPInnovations à la section 4.2.2).

Le secteur canadien de la construction a fait de grands pas dans l’utilisation des approches axées sur le cycle de vie. L’Athena Sustainable Materials Institute, qui a pour mission de promouvoir l’utilisation de l’ACV dans ce secteur, a joué un rôle à cet égard. Des efforts sont déployés afin d’incorporer les approches axées sur le cycle de vie aux systèmes d’évaluation et de certification écologique des bâtiments, comme LEED et Green Globes84. L’ACV est aussi employée par des sociétés de ce secteur pour la différenciation de leurs produits en fonction de leur rendement expérimental (se reporter à l’étude de cas sur le Green Guide to Specification dans l’encadré suivant).

De nombreuses sociétés établissent leurs propres politiques et exigences fondées sur des approches axées sur le cycle de vie et auxquelles leurs fournisseurs devront en principe se conformer. Par exemple, Walmart Canada, qui est un important détaillant du secteur privé, a déployé beaucoup d’efforts au cours des dernières années dans le but de réduire son empreinte environnementale – et celle associée à ses chaînes d’approvisionnement – en misant sur des approches axées sur le cycle de vie afin d’assurer la viabilité de ses opérations. Dans le contexte de ses travaux avec le Sustainability Consortium, le détaillant cherchera à recueillir des renseignements sur le cycle de vie des produits qu’il vend. Les approches axées sur le cycle de vie à participation facultative de ce genre ont conduit à une nette diminution de l’impact environnemental de Walmart Canada, qui a ainsi fait preuve de leadership et a pu inciter ses pairs à opter pour des initiatives de viabilité similaires.

Il y a aussi des entreprises qui concluent des partenariats avec un ou plusieurs chercheurs universitaires du domaine du cycle de vie afin de passer de la théorie à la pratique. Pensons entre autres à la collaboration entre RONA et la Chaire internationale en analyse du cycle de vie de l’École Polytechnique de Montréal dans le but de définir des critères de sélection fondés sur l’ACV pour ses produits ÉCO88. Cette chaire a été établie en 2007, sa mission consistant à « réaliser un programme intégré de recherche visant à approfondir les connaissances de base et à développer les outils génériques du cycle de vie nécessaires à la mise en œuvre du développement durable dans les champs d’activité de ses partenaires »89. On compte actuellement 12 partenaires de la Chaire, dont RONA, Rio Tinto Alcan, Bell Canada, Johnson & Johnson et Hydro Québec90.

3.4 CONCLUSION

 

Beaucoup d’entreprises, d’organismes et d’administrations publiques de tous les coins de la planète ont recours aux approches axées sur le cycle de vie. À l’échelle mondiale, c’est l’Europe qui pave la voie en ce qui touche l’adoption de ces approches, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Ce dernier joue un rôle de chef de file à cet égard au Canada. Cela dit, il y a des exemples d’élaboration et de mise en œuvre d’approches axées sur le cycle de vie par les administrations fédérale et provinciales. Toutefois, il s’agit d’initiatives ayant un caractère épisodique, d’où l’importance de disposer d’une vision ou d’un cadre d’ensemble afin de favoriser l’adoption de ces approches. En dépit de leur côté ponctuel, les progrès réalisés jusqu’ici montrent bien la valeur que présentent les approches axées sur le cycle de vie au Canada à titre de méthode permettant d’intégrer les valeurs et les besoins environnementaux et économiques.


[‡‡] Publication produite en partenariat avec Manufacturiers et exportateurs du Canada et Design Exchange.

[§§] Concernant les stratégies de mise en œuvre rattachées au premier thème, « S’occuper des changements climatiques et de la qualité de l’air », la SFDD indique ce qui suit : « Appliquer la notion de cycle de vie, la gestion durable des matières et la gestion écologiquement rationnelle des déchets dangereux dans le but de promouvoir la consommation durable et de minimiser les incidences des produits et déchets sur l’environnement et la santé humaine. […] Travailler avec les autorités des provinces et des territoires afin de promouvoir la réduction et le détournement des déchets, telles que la mise en œuvre du plan d’action pancanadien sur la responsabilité élargie des producteurs.» (Environnement Canada, 2010).

[***] Ce risque correspond à la probabilité de subir une perte économique reliée au coût du dioxyde de carbone dans une économie imposant des restrictions à l’égard du carbone.

[47] Conseil canadien des ministres de l’Environnement, 1990.

[48] Base de données canadienne des matières premières, 2002.

[49] Athena Sustainable Materials Institute, 2010.

[50] Environnement Canada, 1997.

[51] Programme ÉcoLogo, sans date.

[52] Industrie Canada, Manufacturiers et exportateurs du Canada et Design Exchange, 2009.

[53] Industrie Canada, 2011a.

[54] Industrie Canada, Manufacturiers et exportateurs du Canada et Design Exchange, 2009.

[55] S&T Squared Consultants Inc., 2004.

[56] Programme des Nations Unies pour l’environnement, sans date, b.

[57] Secrétariat du Groupe international pour la gestion durable des ressources, 2009.

[58] Environnement Canada, 2010.

[59] Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2009.

[60] Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, 2006a.

[61] Conseil national de recherches du Canada, 2011.

[62] Conseil national de recherches du Canada, 2010.

[63] Assemblée nationale, 2006.

[64] Projet pilote Empreinte Carbone Québec, sans date, a.

[65] Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services, 2012a.

[66] Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, 2009.

[67] Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services, 2012a.

[68] Projet pilote Empreinte Carbone Québec, sans date, b.

[69] Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services, sans date.

[70] ICF Marbek, 2011.

[71] Lesage et coll., 2011.

[72] Conseil canadien des ministres de l’Environnement, 2009a.

[73] Conseil canadien des ministres de l’Environnement, 2009b.

[74] Jacobs Consultancy, 2009.

[75] Agriculture, Alimentation et Initiatives rurales Manitoba, sans date.

[76] Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2011.

[77] Province de la Colombie Britannique, Union of British Columbia Municipalities et Fraser Basin Council, 2012.

[78] Udo de Haes et van Rooijen, 2005.

[79] Elm, 2011.

[80] Elm, 2011.

[81] Elm, 2011.

[82] RONA, 2010.

[83] Stephenson, 2011.

[84] Athena Sustainable Materials Institute, 2010.

[85] BREEAM, sans date.

[86] BRE Global, sans date.

[87] Meil, 2012.

[88] RONA, sans date.

[89] Chaire internationale en analyse du cycle de vie, sans date, a.

[90] Chaire internationale en analyse du cycle de vie, sans date, b.