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We generate ideas and provide realistic solutions to advise governments, Parliament and Canadians. We proceed with resolve and optimism to bring Canada’s economy and environment closer together.

5.0 Conclusions et recommandations – Face aux éléments

Le rapport Le prix à payer de la TRN a montré ce que pourraient être les impacts économiques du changement climatique pour le Canada; Face aux éléments explore le rôle clé que joue le secteur privé canadien pour assurer la prospérité du pays dans un climat changeant.

Sur le plan national, nous disposons d’abondantes connaissances sur les impacts du changement climatique auxquels nous pouvons nous attendre et nous commençons à comprendre les options d’adaptation qui s’offrent à nous. Il est temps de discuter de la manière dont les entreprises et les secteurs industriels canadiens sont susceptibles de réaliser tant des gains que des pertes découlant des impacts locaux et mondiaux du changement climatique, de la manière dont les approches ciblées peuvent inciter le secteur privé à agir et de la manière dont on peut tirer profit des besoins d’adaptation au Canada et ailleurs. Nos trois rapports sous le thème Face aux éléments donnent des exemples du déroulement de l’adaptation des entreprises au Canada et de certains défis qui nous attendent. Nous prévoyons que nos travaux déclencheront au Canada des discussions qui auraient dû avoir lieu il y a longtemps.

L’adaptation au changement climatique en réduisant les risques, en saisissant les occasions et en renforçant la résilience peut et doit faire partie de toute stratégie d’affaires. Pour les éclaireurs climatiques, l’adaptation n’est plus un concept théorique et distant, mais une façon avant-gardiste de faire des affaires qui tire profit de l’information publique sur le changement climatique et ses impacts et qui intègre l’adaptation dans les systèmes de gestion existants. Mais même pour les sociétés engagées et actives, nos recherches et nos consultations avec des intervenants ont révélé des obstacles au progrès de l’adaptation. Nous résumons ici les principales constatations de nos travaux, les répercussions de ces constatations sur le renforcement de la résilience des entreprises dans un climat changeant et les recommandations de la TRN à l’égard de mesures gouvernementales.

Télécharger la version haute résolution des recommandations de la TRN

5.1 CONSTATATIONS

La progression des entreprises canadiennes en matière d’adaptation au changement climatique est variable, mais difficile à étalonner. Certaines entreprises canadiennes intègrent activement les considérations climatiques futures dans la manière dont elles mènent leurs affaires; d’autres mettent l’accent sur la gestion des risques liés aux conditions météorologiques extrêmes et à la disponibilité de l’eau sous le climat actuel, tandis que d’autres encore ne comprennent pas la pertinence commerciale du climat et des impacts du changement climatique. De plus en plus, les grandes entreprises canadiennes commencent à exprimer des préoccupations quant aux possibilités et aux risques potentiels que présente le changement climatique dans les rapports volontaires et, dans une bien moindre mesure, dans les déclarations financières obligatoires. Les différences dans la perception des impacts physiques du changement climatique en tant que source de risques ou de possibilités à l’échelle des secteurs industriels sont évidentes. Il n’existe au Canada aucun mécanisme cohérent pour étalonner efficacement la conscience administrative et les mesures prises à l’égard de l’adaptation en fonction du secteur industriel, de la taille de l’entreprise ou d’autres caractéristiques. S’ajoute à cela l’hésitation de certaines entreprises à signaler les mesures de gestion des possibilités ou des risques liés à un climat changeant en raison de préoccupations de confidentialité et de réputation.

Les principaux facteurs permettant d’agir aujourd’hui comprennent la gouvernance d’entreprise et l’expérience des impacts climatiques. Les expériences d’adaptation au changement climatique de treize entreprises faisant fonction d’éclaireurs nous ont aidés à identifier quatre facteurs clés d’incitation à l’action immédiate, soient, premièrement, la capacité et la volonté de lier les impacts physiques et les risques connexes aux objectifs d’affaires; deuxièmement, la connaissance des attentes des intervenants en ce qui concerne la performance environnementale et sociale et l’engagement à considérer la durabilité comme un impératif d’affaires; troisièmement, de solides pratiques de gestion des risques et, quatrièmement, l’expérience antérieure des événements ou des impacts climatiques.

La terminologie, la perception des risques, les politiques à court terme et la capacité entravent le progrès des entreprises dans l’évaluation et la gestion des possibilités et des risques posés par le changement climatique. Il subsiste une certaine confusion entre l’atténuation des émissions de GES, l’adaptation aux politiques d’atténuation des émissions de GES et l’adaptation au climat futur lui-même. Jusqu’à maintenant, l’attention des décideurs et les préoccupations des entreprises ont été focalisées principalement sur les deux premiers enjeux. À mesure que s’intensifient les impacts du changement climatique et que l’adaptation s’insinue dans les discussions sur les politiques et la gestion en matière d’eau, de développement du Nord, d’infrastructure urbaine, etc., on commencera à mieux connaître le troisième enjeu – l’adaptation au climat futur. Dans certains cas, des entreprises remettent en question la nécessité de faire les choses autrement en raison de conditions climatiques changeantes. Il est possible que les expériences de gestion des risques liés aux conditions météorologiques extrêmes et de la variabilité climatique nous donnent une fausse impression de préparation inhérente à long terme ou qu’une approche réactive soit suffisante pour assurer le maintien de la rentabilité. La présentation d’une solide analyse de rentabilisation justifiant des investissements et des ajustements de processus revêt une importance cruciale lorsqu’on se dispute de rares ressources devant produire des résultats à court terme. Les gestionnaires d’entreprises ont besoin d’aide pour utiliser l’information sur le changement climatique afin d’exprimer les risques et possibilités d’affaires selon des paramètres compréhensibles pour les cadres et pour montrer ce qu’il en coûterait de ne pas s’adapter.

Les entreprises faisant figure d’éclaireurs démontrent qu’il est possible et avantageux de passer à l’action maintenant pour se préparer aux réalités climatiques futures. Les avantages d’aller au-devant du problème résident à la fois dans la protection de la valeur, en réduisant les risques météorologiques et climatiques existants, et dans la création de valeur, en exploitant les possibilités et en renforçant le positionnement sur le marché par rapport aux pairs. À long terme, il faut incorporer le changement climatique dans les dépenses d’immobilisations de façon que les biens continuent de fonctionner de manière fiable à l’avenir. Il est également payant d’être informé de l’exposition aux risques et des options fiables de contrôle des risques avant que les intervenants ne demandent cette information. Au sein de l’entreprise, la sensibilisation aux répercussions sur les affaires d’un climat changeant crée une base pour évaluer et gérer les risques et les possibilités. Plutôt que de créer de nouvelles procédures opérationnelles, une approche efficace et efficiente consiste à intégrer la réflexion sur l’adaptation dans les procédures existantes d’exploitation et de planification et des procédures stratégiques. Ce faisant, les entreprises renforcent l’adaptation au climat dans l’ensemble de l’entreprise. La promotion des avantages mutuels et des résultats à court terme pour créer l’impulsion nécessaire pour aller plus loin, le maintien du cap dans l’incertitude en combinant la meilleure information disponible avec des processus décisionnels structurés et les améliorations supplémentaires apportées dès l’apparition d’une nouvelle information sont toutes des mesures susceptibles de favoriser le succès des investissements dans l’adaptation au changement climatique. La collaboration à la recherche préconcurrentielle et à des initiatives visant à assurer la réussite de la mise en œuvre est une manière efficace de tirer profit des données, de l’information, des connaissances et de la confiance externes – dont l’acquisition autrement par l’entreprise seule serait coûteuse.

L’adaptation du secteur privé se poursuivra sans l’aide des gouvernements, mais des mesures ciblées visant à permettre et à accélérer les mesures d’adaptation sont nécessaires. Il existe quatre façons dont les gouvernements peuvent appuyer et encourager la planification proactive par les entreprises à l’égard d’un climat changeant. Premièrement, les gouvernements peuvent fournir aux entreprises l’accès à de l’information pertinente sur le changement climatique et à des outils de soutien à la prise de décisions à l’intention d’un grand nombre d’utilisateurs. Deuxièmement, les gouvernements peuvent utiliser les mécanismes existants d’élaboration de politiques et de règlements pour signaler l’importance de la planification de l’adaptation à long terme, de façon à uniformiser les règles du jeu et à simplifier l’évaluation, la divulgation et la gestion des risques pour l’entreprise découlant du changement climatique. Troisièmement, les gouvernements peuvent prendre des mesures visant à protéger l’infrastructure essentielle, qui est cruciale pour la rentabilité des entreprises et le rendement de notre économie. Un quatrième rôle consiste à la prévoir, prioriser et entreprendre la recherche et le dialogue avec les intervenants afin de se préparer à l’élaboration future de politiques assurant une adaptation efficace, efficiente et durable au cours des décennies à venir. Dans bien des cas, la collaboration public-privé et les partenariats avec les communautés de chercheurs et de spécialistes seront nécessaires pour fixer les objectifs et garantir la réussite de la mise en œuvre.

5.2 RÉPERCUSSIONS

Les organisations qui entretiennent des rapports avec des entreprises doivent souligner l’importance de la gestion des risques liés au changement climatique et de l’adaptation en tant qu’enjeux d’affaires. Au-delà des interactions ponctuelles, les gouvernements ont eu peu de rapports avec les entreprises au sujet de l’adaptation. Il est temps de changer cette approche et de commencer à dresser un portrait des besoins uniques et transversaux des secteurs industriels du Canada. Les organismes non gouvernementaux et les réseaux institutionnels jouent également des rôles importants aux plans de la sensibilisation, de la défense des intérêts et de l’engagement. L’adaptation est une réaction légitime et essentielle au défi posé par le changement climatique. On doit encourager les entreprises à exploiter les possibilités et à réduire les risques présentés par un climat changeant, ainsi qu’à parler de leurs efforts, en tout ce qui a trait à l’engagement, au langage et au cadrage. Des communications ciblées, expliquant clairement que le fait de s’adapter au changement climatique constitue une coupure par rapport au statu quo, quand et pourquoi les mesures préventives sont judicieuses et quels sont les coûts à défaut de s’adapter, ne peuvent que favoriser les calculs de risques des entreprises.

Pour permettre de passer à l’action, les gouvernements et les entreprises doivent intégrer l’adaptation aux mécanismes et processus existants. Les gouvernements font déjà participer les entreprises et les industries à un éventail d’enjeux et présentent plusieurs types de demandes d’informations. L’expérience montre que les messages relatifs au changement climatique sans contexte ne passent pas. C’est pourquoi il est important de les intégrer dans les discussions et consultations en cours avec l’industrie, qu’elles portent sur le développement du Nord, la politique énergétique ou la marine marchande sur les Grands Lacs, par exemple. Plusieurs systèmes de prise de décisions, de gestion et de planification déjà utilisés par des entreprises pourraient être des points de départ utiles pour intégrer les considérations relatives au changement climatique et à l’adaptation. Mais ils ne sont utiles que dans la mesure où ils font la promotion d’une gouvernance efficace à l’égard des risques dès maintenant et tiennent compte de l’incertitude quant au changement climatique et à ses impacts.

Des mesures limitées et pratiques aussi bien que des changements systémiques sont nécessaires pour garantir la résilience des entreprises dans un climat changeant. Le présent rapport présente un éventail de tactiques et de stratégies que les entreprises peuvent mettre en œuvre dès maintenant, en utilisant l’information, les capacités et les outils existants, y compris plusieurs approches ne présentant que peu ou pas de risques. Toutefois, nous reconnaissons l’existence d’obstacles systémiques qui, même s’ils ne touchent pas exclusivement l’adaptation au changement climatique, affaiblissent tout de même les incitatifs à planifier d’avance et à investir dans les mesures à long terme. En 2007, la TRN a publié un rapport sur les marchés financiers et la durabilité, qui comprenait des recommandations pour contrer l’impact des politiques à court terme sur l’intégration des risques environnementaux, sociaux et relatifs à la gouvernance dans les décisions d’affectation de capitaux116. Les conseils formulés dans ce rapport demeurent pertinents aujourd’hui. Sur le plan international, nous voyons des exemples d’entreprises d’avant-garde qui adoptent une vision à long terme dans les décisions d’investissement et de stratégie d’affaires. Elles y parviennent en ajustant leurs stratégies de communication avec les investisseurs et les consommateurs, en créant des incitatifs financiers à l’intention des cadres et des employés et en fixant des objectifs117.

5.3 RECOMMANDATIONS

La TRN formule vingt et une recommandations pour aider à renforcer la résilience des entreprises canadiennes dans un climat changeant (voir la figure 6). Nous avons appliqué les critères suivants pour orienter nos choix : nous avons favorisé les recommandations qui traitent les obstacles identifiés, qui créent des avantages sans égard aux répercussions futures du changement climatique et qui démontrent l’existence de lacunes et d’options pour aller de l’avant. Étant donné que l’adaptation du secteur privé est un enjeu émergent, nous mettons l’accent sur les domaines que nous estimons essentiels pour démontrer le succès à court terme de l’intégration de la réflexion sur l’adaptation dans les processus décisionnels. Toutes ces recommandations favorisent l’atteinte des objectifs présentés au chapitre 4 en matière d’information, de divulgation, d’infrastructures essentielles et d’élaboration de politiques futures.

OBJECTIF 1 : ADAPTER L’INFORMATION SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE AUX BESOINS D’ADAPTATION DES ENTREPRISES

Les organismes gouvernementaux et les organismes de recherche génèrent et diffusent de l’information précieuse pour les entreprises qui planifient en fonction du changement climatique. Mais on pourrait en faire bien davantage pour accroître l’utilisation de ces ressources d’information par les entreprises. Ce qu’il faut, c’est une compréhension élémentaire des besoins des entreprises par secteur industriel et des mesures de suivi pour améliorer l’accès à de l’information et des conseils fiables, pertinents et conviviaux sur le changement climatique. Nos recommandations sont les suivantes :

Réduire les obstacles à l’accès en regroupant dans un seul lieu des données fiables sur le changement climatique et ses impacts

1) Sous la direction d’Environnement Canada, le gouvernement fédéral et les centres de services climatiques locaux doivent améliorer l’accès aux données et projections climatiques et à la recherche sur les impacts physiques en consolidant ce qui est disponible en un seul guichet. Son architecture et ses fonctionnalités devraient être adaptées aux besoins des utilisateurs. Par conséquent, une première étape importante consiste à amener les secteurs industriels pour mieux comprendre les paramètres climatiques et les variables relatives aux impacts physiques qui comptent le plus, les lacunes en matière de capacité d’utilisation de l’information, les caractéristiques de l’information « utile » et les points d’entrée de l’information sur le changement climatique dans les décisions opérationnelles et stratégiques prises par les entreprises. La souplesse nécessaire pour accepter des sources multiples d’information et de nouvelles sources au fil du temps est importante, tout comme la capacité de faciliter le dialogue (virtuel et en personne) parmi les utilisateurs et entre les utilisateurs et les fournisseurs d’information sur le changement climatique.

Fournir des conseils aux entreprises sur les conditions climatiques futures à prévoir

2) Sous la direction d’Environnement Canada, le gouvernement fédéral doit préparer et promouvoir des conseils d’affaires avisés sur la manière d’interpréter et d’appliquer les données et les projections climatiques dans les plans et décisions à long terme des secteurs industriels ayant des immobilisations importantes et des impacts hérités. L’information provenant du Réseau canadien des scénarios de changements climatiques (RCSCC) s’adresse principalement aux chercheurs, mais constitue une bonne base pour formuler des conseils à l’intention d’auditoires industriels118. Une fois élaborés, ces conseils doivent faire l’objet d’une promotion active et uniforme par les ministères, organismes gouvernementaux et sociétés d’État participant au développement industriel et commercial. En même temps, le Canada doit tirer des leçons des expériences internationales dans la diffusion de jeux de projections climatiques détaillées qui servent de données « de référence » par défaut pour les utilisateurs.

Rendre disponibles les données relatives aux impacts sur les entreprises

3) Le gouvernement fédéral doit définir son rôle dans l’exécution de modélisations des impacts physiques pour permettre aux secteurs industriels et aux entreprises d’évaluer les investissements requis pour convertir l’information publique fournie sur le changement climatique en paramètres physiques et économiques (c.-à-d. en impacts sur les entreprises) pour les utiliser dans la prise de décisions opérationnelles et stratégiques, de même que pour commencer à réaliser les investissements nécessaires. Il existe également une possibilité commerciale liée à la préparation de conseils propres à chaque industrie sur ce processus de conversion.

4) Les associations industrielles doivent recueillir des données et diffuser des statistiques d’ensemble sur les coûts des impacts du changement climatique et des stratégies d’adaptation afin de favoriser la quantification essentielle des impacts à court, moyen et long termes et de guider les efforts de production de rapports et de divulgation, puis publier cette information en protégeant la confidentialité des entreprises.

Sensibiliser les petites et moyennes entreprises canadiennes à l’importance de l’adaptation au changement climatique

5) Industrie Canada doit faire participer les agents de mise en oeuvre commerciale des petites et moyennes entreprises (PME), comme les chambres de commerce et les conseillers de confiance, dont les banques, les établissements de crédit, les comptables et les assureurs, en vue de sensibiliser les PME aux possibilités et aux risques présentés par un climat changeant et de leur permettre de prendre les mesures d’adaptation qui s’imposent. Une approche efficace pour rejoindre les PME consiste à intégrer les messages et l’information sur l’adaptation au changement climatique dans les conseils et les services que les PME reçoivent déjà.

OBJECTIF 2 : AUGMENTER L’INFORMATION AUX INVESTISSEURS PAR UNE MEILLEURE DIVULGATION D’ENTREPRISE

Une divulgation de qualité est à la base de marchés financiers vigoureux; cela comprend la divulgation des risques importants liés au changement climatique et à ses impacts. Malgré les conseils en ce sens déjà formulés par les Autorités canadiennes des valeurs mobilières (ACVM), la divulgation des risques liés au changement climatique dans les déclarations financières est limitée dans le meilleur des cas. Une meilleure application des exigences en matière de divulgation s’impose, tout comme des approches efficaces permettant aux sociétés de démontrer aux investisseurs la valeur des mesures de gestion des risques liés au changement climatique et d’adaptation au changement climatique. Nos recommandations sont les suivantes :

Améliorer l’application des règles et règlements existants en matière de valeurs mobilières applicables à la divulgation liée au changement climatique

6) Les organismes de réglementation des valeurs mobilières doivent informer leurs employés afin de les familiariser davantage avec les risques liés au changement climatique dont ils doivent tenir compte pendant l’examen des déclarations financières des déclarants. La facilitation du le dialogue entre les organismes de réglementation des valeurs mobilières et de l’environnement aidera à identifier les principaux facteurs de risque[bb].

7) Les organismes de réglementation des valeurs mobilières doivent aviser les sociétés des secteurs que l’on sait vulnérables au changement climatique en cas de divulgation médiocre ou inexistante de risques liés aux impacts physiques du changement climatique et des stratégies d’adaptation connexes. Cela signalera aux sociétés la nécessité d’une plus grande transparence et de plus de détails dans la divulgation et améliorera la qualité de la divulgation au fil du temps[cc].

8) Le Bureau du surintendant des institutions financières Canada doit surveiller et évaluer la qualité de la divulgation des risques liés au changement climatique par les compagnies d’assurances afin de garantir que les révisions des prix, de la tarification et des pratiques d’investissement tiennent compte des risques physiques posés par le changement climatique.

Améliorer l’engagement en matière de divulgation relative au changement climatique des entreprises et des acteurs des marchés financiers

9) Les associations industrielles et autres organismes non gouvernementaux qui travaillent avec de grandes entreprises doivent instruire les entreprises sur les questions de divulgation, en leur indiquant, notamment, l’orientation sectorielle disponible, les tendances et enjeux émergents, l’uniformité dans la production de rapports obligatoires et volontaires et les risques liés aux responsabilités légales. Ces groupes doivent également obtenir l’engagement des firmes comptables et d’autres acteurs clés des marchés financiers à améliorer la compréhension des impacts financiers à long terme d’un climat changeant.

Aider les entreprises à étalonner le rendement

10) Les associations industrielles doivent concevoir des indicateurs clés de rendement pour les risques liés au changement climatique et à l’adaptation de façon à faciliter une divulgation plus efficace et efficiente chez tous leurs membres119. Chaque industrie doit établir des indicateurs de rendement constituant des témoins utiles des mesures de gestion des risques liés au changement climatique et d’adaptation, comme la consommation d’eau par unité d’extrant ou la nature et l’ampleur de la couverture d’assurance contre les interruptions d’activités. Ces indicateurs pourraient être utilisés par les entreprises pour fixer des objectifs, procéder à des évaluations et produire des rapports à l’égard de leur propre rendement.

11) Industrie Canada, en collaboration avec l’Institut canadien des comptables agréés, doit faire participer les secteurs industriels à l’évaluation de la valeur du développement d’une base de données en ligne dans laquelle les entreprises peuvent étalonner la divulgation des risques liés à un climat changeant et des mesures de gestion, permettant ainsi de mettre en valeur les pratiques exemplaires en matière de divulgation.

OBJECTIF 3 : AMÉLIORER LA RÉSISTANCE DES INFRASTRUCTURES ESSENTIELLES

La résistance de nos infrastructures publiques et privées aux impacts climatiques est essentielle à notre prospérité économique : les sociétés qui ne peuvent avoir accès aux services essentiels ou mettre efficacement leurs produits sur le marché courent des risques concurrentiels. Nous devons donc tirer profit des processus et mécanismes existants pour comprendre les risques économiques que nous courons et pour encourager les propriétaires ou les exploitants à évaluer les risques pour l’infrastructure posés par un climat changeant et à mettre en œuvre des mesures de gestion, au besoin. De plus, étant donné que les sociétés doivent aussi tenir compte des vulnérabilités au climat des systèmes d’infrastructure essentielle dans leurs plans d’activités, il est également important de donner accès à ces informations. Nos recommandations sont les suivantes :

Intégrer l’évaluation des risques liés au changement climatique dans la Stratégie nationale sur les infrastructures essentielles du Canada

12) À titre de responsable fédéral de la Stratégie nationale sur les infrastructures essentielles, Sécurité publique Canada doit veiller à ce que les profils de risques sectoriels en cours d’élaboration tiennent compte à la fois des risques directs pour des infrastructures particulières posés par un climat changeant et des risques pour l’économie, la société et l’environnement liés aux défaillances en cascade. Guidé par les profils de risques sectoriels, Sécurité publique Canada doit mener un dialogue public-privé afin d’évaluer les interdépendances entre les secteurs et mettre au point des évaluations des risques à l’échelle des systèmes, analyser les goulots d’étranglement et les maillons faibles en mappant les systèmes, définir les tolérances acceptables au risque et déterminer les mesures prioritaires pour renforcer la résilience climatique de l’infrastructure essentielle.

Utiliser un éventail de leviers pour promouvoir l’évaluation et la production de rapports sur les risques pour l’infrastructure essentielle posés par le changement climatique

13) En consultation avec l’industrie, les spécialistes en infrastructure et les climatologues, Sécurité publique Canada doit formuler, publier et diffuser des conseils sur l’exécution d’évaluations des risques liés à l’impact du changement climatique sur l’infrastructure et élaborer un cadre hiérarchique normalisé en vue de favoriser la comparabilité des évaluations et des rapports. Ces conseils devraient, dans la mesure du possible, s’harmoniser avec les outils existants d’évaluation des risques d’entreprise et tirer parti des méthodes existantes d’évaluation des risques pour l’infrastructure posés par le changement climatique.

14) Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent utiliser des processus d’approvisionnement, des règlements existants (p. ex. la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale et la Loi canadienne sur la protection de l’environnement) et l’effet de levier découlant du financement de projets par les sociétés d’État pour commander des évaluations des risques liés au changement climatique pour les infrastructures essentielles détenues et exploitées par le secteur privé. Les résultats doivent servir à garantir que les projets sont suffisamment financés pour permettre des investissements visant à gérer les vulnérabilités de l’infrastructure.

15) Les gouvernements doivent commander des évaluations des risques liés au changement climatique sur les infrastructures essentielles détenues et exploitées par le secteur public et employer les résultats pour définir et financer les priorités d’investissement dans l’adaptation à court, moyen et long termes.

16) En collaboration avec d’autres ordres de gouvernement, Sécurité publique Canada doit compiler et diffuser les résultats des évaluations publiques et privées des risques pour l’infrastructure liés au changement climatique au moyen d’une base de données centralisée accessible au public et conviviale, afin que les entreprises puissent comprendre où il existe des vulnérabilités critiques et prendre des décisions axées sur les risques pour situer les installations, optimiser la chaîne d’approvisionnement et la planification logistique et mettre à jour les plans de continuité des opérations.

OBJECTIF 4 : SE PRÉPARER AUJOURD’HUI AUX INNOVATIONS STRATÉGIQUES DE DEMAIN

Une gestion efficace et efficiente des possibilités et des risques posés par le changement climatique exige que les secteurs public aussi bien que privé planifient d’avance. Les gouvernements doivent prévoir la nécessité de corriger les déficiences de marché qui entravent l’adaptation à long terme des entreprises. Une approche tournée vers l’avenir par les gouvernements, qui intègre les nouveaux investissements en science et en recherche, explore le potentiel des instruments axés sur les marchés et surveille la disponibilité et l’abordabilité des solutions d’adaptation, avec intervenant au besoin, aidera à mettre le Canada en position de s’adapter et de prospérer dans un climat changeant au cours des décennies à venir. Nos recommandations sont les suivantes :

Investir dans des nouveaux projets de science et de recherche axés sur les besoins des utilisateurs

17) Sur la base de la consultation, le gouvernement fédéral doit élaborer un programme scientifique d’adaptation afin de créer des données et de l’information à l’appui des processus décisionnels privés en matière d’adaptation. Ce programme doit être pluridisciplinaire — s’étendant de la climatologie à l’économie comportementale – et assujetti à des examens périodiques du rendement, être de propriété collective pour favoriser la continuité et être doté de ressources suffisantes pour garantir la production et le transfert efficace des extrants de recherche. Des principes établis conjointement doivent déterminer les priorités. L’adoption de principes de « valeur de l’information » (p. ex., une information parfaite peut ne pas valoir le coût de son acquisition, l’information est moins utile si elle ne peut donner lieu à aucune action) mérite d’être envisagée.

Étudier les possibilités commerciales offertes par l’adaptation au changement climatique pour le Canada

18) Le gouvernement fédéral doit entreprendre une évaluation par secteur des possibilités commerciales offertes par l’adaptation au changement climatique pour le Canada, cernant les priorités à court et long termes touchant les marchés nationaux et internationaux. L’évaluation doit analyser l’avantage comparatif du Canada et la valeur de la mise au point et de la commercialisation de technologies d’adaptation novatrices. Une diffusion généralisée des résultats de l’évaluation auprès des entreprises canadiennes est essentielle, tout comme l’intégration des résultats de l’évaluation dans les politiques de développement industriel et les politiques commerciales.

Évaluer le potentiel des instruments axés sur les marchés de modifier le comportement dans un climat changeant

19) Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent envisager d’utiliser les marchés et l’établissement des prix comme des incitatifs pour protéger nos défenses adaptatives naturelles (p. ex., au moyen de régimes de paiement pour les biens et services écosystémiques comme les zones humides de réserve et les déductions de biodiversité) et pour gérer la demande de services comme l’alimentation en eau et en électricité afin de garantir que les ressources sont consacrées à l’utilisation la plus valable dans un climat changeant. La mise en œuvre d’instruments axés sur les marchés pour promouvoir l’adaptation est un enjeu émergent qui exige de nouvelles recherches. Des recherches sur l’efficacité de l’établissement des prix pour modifier les comportements, sur les filets de sécurité requis pour protéger l’intégrité de l’offre, sur l’impact de l’établissement des prix sur l’accès aux services essentiels pour différents utilisateurs et sur l’utilisation appropriée des revenus issus des systèmes d’établissement des prix seront nécessaires.

Surveiller l’efficacité des mécanismes de transfert des risques

20) Les assurances et autres mécanismes de transfert des risques peuvent créer des signaux de marché encourageant l’adaptation, mais peuvent également créer des dilemmes moraux et poser des risques financiers si les assurances atteignent un coût prohibitif ou si la couverture de périls particuliers liés au climat est refusée (p. ex., dommages découlant de tempêtes de vent). Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent contrôler l’efficacité des mécanismes de transfert des risques et l’adoption des innovations en matière d’assurances qui répondent aux profils de risques changeants et aux besoins de l’industrie, et intervenir au besoin. Les interventions peuvent inclure l’obligation de divulguer les perturbations prévues des marchés d’assurances attribuables à un climat changeant.

Surveiller la mise au point et l’adoption de technologies d’adaptation

21) Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent surveiller et identifier les innovations émergentes qui aident à réduire les risques présentés par les impacts de changements climatiques prononcés et chroniques et déterminer le besoin d’incitatifs financiers (p. ex. déductions fiscales sur les coûts en capital) pour encourager la pénétration des marchés au pays et accroître le potentiel d’exportation.


[bb] Ce type de collaboration a eu lieu pour l’atténuation des émissions de GES. Aux États-Unis, la collaboration entre la Securities and Exchange Commission (SEC) et l’Environmental Protection Agency (EPA) a été importante pour la formulation de conseils d’interprétation, et on s’attend à ce que cette collaboration se poursuive depuis la publication de nouvelles données sur les installations productrices de GES par l’EPA en janvier 2012. Dans un rapport de 2004 sur la divulgation environnementale, le Government Accountability Office des États-Unis a recommandé ce type de collaboration pour protéger les investisseurs, déclarant : « [Parce que la divulgation environnementale est un enjeu abordé explicitement dans les règlements de la SEC — et important pour un nombre croissant d’investisseurs — il est logique pour la SEC de veiller à ce que ses employés profitent des renseignements pertinents offerts par l’EPA » [TRADUCTION] (U.S. Government Accountability Office, 2004, p. 36).

[cc] Depuis que la SEC des États-Unis a publié des conseils d’interprétation sur la divulgation relative au changement climatique en 2010, 15 entreprises ont reçu des lettres de commentaires demandant une meilleure reddition de comptes en ce qui concerne le changement climatique, y compris sept entreprises dans des industries à haut risque comme l’électricité et l’assurance. Ce chiffre est fondé sur des recherches internes réalisées par Ceres.

[116] Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, 2007

[117] Curran, 2011

[118] Réseau canadien des scénarios de changements climatiques, 2010

[119] Voir l’exposé dans Institut canadien des comptables agréés et Conseil canadien de l’information sur la performance, 2010