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Rapport-entreprises – Chapitre 3: Analyse de cas à l’appui de l’action

Cadres supérieurs et dirigeants se demandent peut-être pourquoi ils devraient se préoccuper de l’adaptation au changement climatique. Six raisons sautent aux yeux :

LA SOCIÉTÉ DOIT S’ADAPTER
À CE CLIMAT DÉJÀ EN PLEINE MUTATION

«Nous vivons dans une région où la résilience est essentielle à la survie. L’inaction n’est pas un plan acceptable. Ce serait un plan de fermeture pour Entergy, un plan de misère et de souffrance pour nos clients et un plan dévastateur pour une région déjà affaiblie sur le plan économique.»

J. Wayne Leonard, président et chef de la direction, Entergy

À cause des émissions passées de GES, certains changements climatiques sont désormais inévitables en dépit d’une diminution radicale éventuelle des émissions mondiales actuelles. La baisse des émissions de GES limitera la rapidité et l’ampleur des changements climatiques, mais il faut que les gouvernements, les collectivités, les entreprises et les ménages se dotent d’un plan d’adaptation aux effets des changements climatiques graduels, imprévisibles et déjà en marche23. Selon le rapport de la TRNEE de 2011, Le prix à payer : répercussions économiques du changement climatique pour le Canada, ce prix s’élèverait à 5 milliards de dollars par année d’ici 202024 – montant qui augmentera dans les années à venir. Gouvernements, collectivités, entreprises et ménages sont tous exposés aux retombées des effets successifs qui secouent le milieu naturel et bâti, et qui perturbent l’économie.

LES ENTREPRISES RISQUENT
D’EN SUBIR LES CONSÉQUENCES

« Le changement climatique influe directement sur les activités commerciales, les vôtres comme les nôtres. »

Peter Hoeppe, Ph. D., directeur, Unité de recherche Geo Risks/Corporate Climate Centre25

Le changement climatique aura une influence directe sur les biens et les chaînes d’approvisionnement des entreprises, sur la santé et la sécurité de leurs effectifs ainsi que sur les collectivités et les milieux où elles exercent leurs activités.

Dans son rapport annuel de 2010, présenté à l’U.S. Securities and Exchange Commission [commission des valeurs mobilières des É.-U.], Chiquita Brands International souligne à quel point les perturbations attribuables aux conditions météorologiques peuvent nuire aux activités commerciales26. « Après les inondations qui ont frappé certaines de nos exploitations agricoles du Costa Rica et du Panama, en décembre 2008, les coûts ont augmenté de quelque 33 millions USD, notamment les coûts de logistique liés à la remise en état des fermes et à l’approvisionnement en fruits provenant d’autres sources. »

À l’heure actuelle, il semble que les entreprises canadiennes sont de plus en plus conscientes des risques opérationnels et financiers liés au temps violent et aux variations de la disponibilité en eau27, en plus d’une éventuelle dégradation du pergélisol, d’un accès limité aux emplacements durant l’hiver et de l’élévation du niveau de la mer28.

LES PARTIES PRENANTES
S’ATTENDRONT À DES GESTES CONCRETS

« Le changement climatique a des effets importants sur la planète et les collectivités où nous sommes actifs. Les ressources en eau, la santé publique et l’agriculture, entre autres, sont en péril. Nous sommes conscients que le changement climatique pourrait nuire gravement à la durabilité de notre entreprise et de notre chaîne d’approvisionnement. »

Nicola Kettlitz, président, Coca-Cola Canada

Dans les années à venir, les entreprises n’auront d’autre choix que de s’adapter en raison des perceptions et des attentes des gouvernements et des collectivités, et de celles des grands acteurs du secteur financier comme les investisseurs, les prêteurs, les actionnaires et les assureurs29. L’évaluation de l’effet potentiel du changement climatique sur l’entreprise doit tenir compte des vœux exprimés par ces groupes des parties prenantes – une stratégie qui permet de relever les défis sur le plan de la réputation, de la réglementation et des finances.

À l’instar des assureurs qui rajustent leurs structures de prix, les entreprises devront adapter leur comportement en conséquence. Les propriétaires de plates-formes de forage en mer et d’autres infrastructures dans le golfe du Mexique ont subi une hausse continue des couvertures d’assurance contre les dommages causés par les tempêtes et les ouragans, partiellement attribuable aux pertes de 2008 causées par les ouragans Ike et Gustav. Les assureurs réévaluent leurs structures de prix après chaque saison de tempêtes et basent les prix de l’année suivante sur les dommages cumulatifs de la saison précédente. En 2009, nombre d’entreprises ont décidé d’adopter un système d’autoassurance contre le risque d’ouragan30.

DES MESURES HÂTIVES
ASSORTIES D’AVANTAGES CONCRETS

« Parallèlement à nos efforts pour en minimiser les effets directs, nous cherchons à comprendre les répercussions potentielles du changement climatique sur nos activités et à les intégrer à notre planification et à nos processus décisionnels.»

Brenda Goehring, directrice, Environnement et durabilité de l’entreprise, BC Hydro

Les entreprises peuvent économiser en agissant rapidement pour évaluer et gérer les possibilités et les risques climatiques. La modernisation des infrastructures ou la prise en compte du dérèglement climatique dans les dépenses en immobilisations coûtent parfois moins cher qu’un rattrapage ultérieur31. L’adaptation hâtive permet aux entreprises d’acquérir des compétences et des capacités techniques, et de mieux gérer toute adaptation ultérieure. Le rapport de la TRNEE, Le prix à payer, conclut que des investissements modestes dans des mesures d’adaptation peuvent compenser les coûts élevés que le changement climatique risque de faire subir au Canada32.

Les investissements dans la gestion des risques opérationnels liés aux conditions climatiques, à l’eau et aux transformations de l’environnement se justifient davantage dans un climat en changement. Ainsi, les efforts soutenus de Suncor Energy pour diminuer les retraits d’eau du fleuve Athabasca à des fins de production33 permettent-ils non seulement de réduire les coûts des intrants, mais encore de protéger l’entreprise contre la diminution des disponibilités en eau susceptible d’être causée par les changements climatiques futurs. Les plans de continuité des activités de Johnson & Johnson tiennent compte des risques liés au climat dans ses principales installations mondiales. Grâce à la mise à jour de ses plans de continuité des activités et de ses évaluations des risques, et à la mise en œuvre de mesures d’adaptation, l’entreprise a évité des pertes quinquennales de 2,4 milliards de dollars à cause des dommages causés par un ouragan à ses installations de Porto Rico34.

IL N’EST PAS NÉCESSAIRE QUE L’ADAPTATION
SOIT COMPLEXE OU COÛTEUSE

« L’adaptation au changement climatique s’inscrit déjà dans notre gestion des projets nordiques lorsque nécessaire. »

Don Hayley, ing., FEIC, directeur, Exploitation des ressources de l’Arctique, EBA Engineering Consultants, une entreprise Tetra Tech

En ajoutant le changement climatique à d’autres risques opérationnels, l’entreprise peut utiliser les procédures et les systèmes de gestion existants – gestion des risques, planification de la continuité des activités, assurance de la qualité et gestion environnementale – pour profiter pleinement de son expertise dans ces domaines. En outre, plusieurs mesures peu coûteuses ou sans frais peuvent faire réaliser des économies et améliorer le rendement des biens et de l’infrastructure. Pour faire face au risque accru d’inondations, par exemple, on peut réinstaller l’équipement essentiel et autres biens de grande valeur à des étages ou à une altitude supérieurs. Des mesures d’économie d’eau constituent un moyen économique d’atténuation du stress hydrique saisonnier. L’aération et l’ombrage naturels sont des moyens peu coûteux pour les entreprises urbaines exposées à la chaleur extrême, sans oublier qu’ils ont l’avantage additionnel de conserver l’énergie.

Pour Whistler Blackcomb, station de ski de la Colombie-Britannique, l’adaptation au changement climatique est à la fois une nécessité environnementale et opérationnelle. Le centre met en œuvre des stratégies peu coûteuses comme la diversification de l’expérience-client durant les périodes creuses (de mai à novembre) en offrant des promenades en nature, des sentiers de randonnée pédestre et des sentiers pour vélo de montagne. L’entreprise désire éviter la suradaptation, comme étant donné le prix élevé d’autres mesures de gestion des risques liés au changement climatique comme l’achat et l’opération de canons à neige.

SI VOUS N’AGISSEZ PAS,
D’AUTRES LE FERONT À VOTRE PLACE

« Les économies du Nord sont tributaires de leurs ressources naturelles et des services publics. Leurs vastes ressources inexploitées et les nouvelles possibilités économiques découlant du changement climatique pourraient faire du Nord l’une des régions économiques canadiennes ayant la plus forte croissance. »

T. Vandal, président-directeur général, Hydro-Québec, 2009

Le changement climatique présente divers débouchés pour les entreprises35: accès à de nouveaux marchés, mise au point de nouvelles technologies et de nouveaux produits, anticipation de la réglementation. Un sondage auprès des multinationales révèle que selon 86 % d’entre elles, affronter les risques liés au changement climatique ou investir dans des mesures d’adaptation représente des débouchés36. De telles activités peuvent créer un avantage concurrentiel – ou un désavantage si un concurrent vous précède!

Devant la demande croissante de solutions de transfert des risques pour relever les défis associés au changement climatique, Munich Re offre à présent une police d’assurance aux producteurs d’énergie hélioélectrique qui couvre la perte de revenus en cas d’ensoleillement inhabituellement faible.

Les trois prochaines sections du rapport définissent un processus servant à promouvoir l’adaptation au sein de l’entreprise, en commençant par la conscientisation, suivie de l’évaluation et de la gestion des risques et possibilités, et en finissant par l’amélioration de la résistance aux chocs climatiques à l’échelle de l’entreprise.


[23] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), 2007c
[24] Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, 2011
[25] Munich Re, 2009
[26] Chiquita Brands International Inc., 2010
[27] Ceres et Climate Change Lawyers Network, 2012
[28] Wellstead, 2011
[29] Investor Group on Climate Change, 2012
[30] Stenek, Amado et Connell, 2010
[31] Fankhauser, 2009
[32] Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, 2011
[33] Wellstead, 2011
[34] Johnson & Johnson
[35] UK Trade & Investment, 2011
[36] United Nations Global Compact et coll., 2011