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We generate ideas and provide realistic solutions to advise governments, Parliament and Canadians. We proceed with resolve and optimism to bring Canada’s economy and environment closer together.

Rapport-entreprises – Chapitre 1: Introduction

C’est une réalité, le changement climatique a déjà commencé. Associées à des facteurs naturels, les émissions planétaires de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre (GES) agissent comme une coupole qui retient la chaleur, entraînant un réchauffement terrestre d’environ 0,8 °C depuis 18501. Les incidences du réchauffement au Canada et partout dans le monde se traduisent par une hausse du niveau des mers, des modifications de l’étendue et de l’épaisseur de la banquise et des glaciers, des régimes de pluie et d’enneigement déréglés, des changements aux cycles annuels des végétaux et des migrations animales2. Les climatologues ont établi l’existence d’un lien statistique entre les émissions mondiales de GES et l’augmentation du nombre de jours chauds et la fréquence et l’intensité des précipitations observées au cours des dernières décennies3. Étant donné que le climat influe sur le temps prévisible en un lieu donné à un moment donné, un climat changeant, c’est bien plus que deux années de temps inhabituel.

Les phénomènes extrêmes que nous avons connus récemment mettent en lumière la fragilité de notre économie devant les dérèglements du temps et les phénomènes climatiques. Les pluies diluviennes et les autres événements associés au climat sont maintenant les premières causes de catastrophes naturelles à l’échelle planétaire. Au Canada, les sinistres assurés attribuables à des événements catastrophiques ont totalisé près de 1,3 milliard de dollars au cours des 7 premiers mois de 20114,5, les tempêtes étant à l’origine de la plupart des réclamations pour des dommages aux biens6. Dans un sondage du Zurich Financial Services Group et du Business Continuity Institute auprès de 559 entreprises de 14 secteurs industriels dans 62 pays, la moitié d’entre elles attribuaient des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement survenues en 2011 à des phénomènes météorologiques exceptionnels7. En octobre 2011 uniquement, des inondations dans les zones industrielles en Thaïlande ont perturbé les activités et entraîné des pertes de production à plus de 400 entreprises japonaises — particulièrement chez des constructeurs d’automobiles et des fabricants de matériel informatique — établies en Thaïlande ou dépendantes d’intrants venant de Thaïlande8. Inondations qui ont d’ailleurs contribué aux augmentations des primes d’assurance de 10 % ou plus au quatrième trimestre de 2011 pour les entreprises ayant enregistré des pertes majeures ou qui sont exposées à des risques de catastrophes9.

Bien des entreprises envisagent une certaine atténuation et réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter la rapidité et l’ampleur des changements climatiques, mais accordent moins d’attention à l’adaptation.

L’adaptation sous-entend un ajustement aux conséquences du changement climatique par la gestion des risques et l’exploitation des possibilités. La résilience et la solidité sont des facteurs clés d’une adaptation réussie. Une entreprise résiliente peut réagir rapidement et se remettre d’emblée des surprises et des événements qu’elle ne peut maîtriser. Une entreprise qui s’appuie sur de solides stratégies peut rester concurrentielle quels que soient les aléas du climat.

Les changements climatiques peuvent mettre en péril la réputation, les activités, les responsabilités juridiques, les obligations réglementaires, la présentation de l’information financière et les opérations et les chaînes d’approvisionnement des entreprises. Leur profil de risques, voire leur positionnement stratégique, pourraient subir les effets directs des changements mondiaux et régionaux de la température, de la fréquence et de la gravité des conditions météorologiques extrêmes, et de la disponibilité de l’eau et autres ressources naturelles. Les entreprises doivent planifier dès maintenant leur adaptation aux conséquences irréversibles des changements climatiques.

Les occasions d’affaires associées aux effets des changements climatiques et à la façon dont les gens s’y adaptent sont également manifestes. Certaines entreprises se sont mises à l’étude et à l’exploitation des débouchés commerciaux issus de l’adaptation à ces changements. Bombardier évalue les possibilités de répondre à la demande croissante en bombardiers d’eau dans un monde où les incendies de forêt se multiplient et sont de plus en plus graves10. SNC-Lavalin prévoit une augmentation des activités dans les domaines du dessalement de l’eau et de son transport11. La Banque Scotia a créé un produit de placement conçu pour tirer profit des entreprises qui diminuent leurs émissions de GES et s’adaptent aux effets matériels des changements climatiques à long terme12. Hybrid Air Vehicles (constructeur d’aéronefs sans pilote) livre des marchandises dans des zones nordiques éloignées, diminuant ainsi la dépendance à l’égard des routes d’hiver et épargnant les coûts de services d’hydravion13.

Pourtant, peu d’entreprises canadiennes ont adopté une démarche claire et structurée en vue d’intégrer la gestion des risques et des possibilités liés au changement climatique à leurs activités courantes14. En dépit d’une prise de conscience accrue des risques et des débouchés commerciaux associés au changement climatique, l’analyse de cas justifiant la prise de mesures proactives est compliquée par l’incertitude tant sur le plan de l’ampleur que du moment où se ressentiront les effets. De plus, certains des changements seront graduels et sans doute à long terme. Par ailleurs, en période économique difficile, les préoccupations financières à court terme pourraient conduire les entreprises à retarder l’adoption de mesures d’adaptation — mais peut-on qualifier cela de gestion efficace du risque? Si les entreprises doivent gérer sans tarder les incertitudes financières et réglementaires, elles doivent aussi comprendre les risques et les avantages potentiels que présentent les changements climatiques afin de se positionner pour y répondre adéquatement.

Le présent rapport dévoile les tactiques et les stratégies que les gestionnaires et les dirigeants d’entreprises peuvent employer pour rester concurrentiels dans un climat changeant. Il illustre la façon dont les entreprises canadiennes sont actuellement exposées au dérèglement climatique et le seront dans l’avenir, et les justifications commerciales à une riposte immédiate. Il propose des stratégies concrètes de renforcement de la résilience des entreprises face à un climat en évolution, et il présente des recommandations et des messages clairs. Axé sur les entreprises, le présent rapport fait partie de la sérieFace aux éléments. Combiné au rapport-conseil et aux études de cas, ce rapport-entreprises présente ce que les entreprises canadiennes peuvent et doivent faire pour gérer les risques et les possibilités liés au changement climatique et de quelle façon les gouvernements peuvent aider.

Entre les mois de janvier 2011 et 2012, la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (TRNEE) a suscité des recherches sur cette question, réunissant des parties prenantes issus des entreprises, des gouvernements, des ONG et des universités pour comprendre les enjeux qui attendent les entreprises canadiennes confrontées au changement climatique, et pour questionner des chefs de file du Canada et de l’étranger sur leurs expériences. Le présent rapport s’appuie sur les leçons retenues par des dirigeants qui ont compris les incidences commerciales du changement climatique, qui en évaluent les risques et les avantages, et qui améliorent la résilience de leurs entreprises15. Ces entreprises ont prouvé qu’ajuster ses pratiques en réaction au changement climatique est non seulement faisable, mais que cela se traduit par des avantages réels en matière de conservation et de rentabilité.


[1] Solomon 2007
[2] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2007c; Lemmen et coll., 2008a; Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, 2010
[3] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2011
[4] À moins d’indication contraire, tous les montants sont exprimés en dollars canadiens de 2010
[5] Robinson, 27 octobre 2011
[6] Power 2012
[7] CSCMP’s Supply Chain Quarterly, 2011
[8] Watkins et Ito, 2011
[9] Johnson, 2012
[10] Carbon Disclosure Project, 2009
[11] SNC-Lavalin ND
[12] State Street Global Advisors 2008
[13] Wallace, 24 janvier 2012
[14] Deloitte, 2011
[15] Nous avons notamment demandé à Acclimatise de préparer des études de cas décrivant les mesures et les stratégies particulières adoptées par 13 entreprises pour s’adapter à ces changements : Cameco, Banque Royale du Canada, Hydro-Québec, Tolko, EBA Engineering, JD Irving, Summerhill Pyramid Winery, Rio Tinto Alcan, Coca-Cola, Whistler-Blackcomb, Entergy, Munich Re et BC Hydro.