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J.D. Irving, Limited – Étude de cas


FACE AUX ÉLÉMENTS : Renforcer la résilience des entreprises au changement climatique

 

« Nous nous engageons à gérer nos activités à long terme de façon durable sur le plan environnemental et responsable sur le plan social. Notre approche et nos investissements en recherche sur la gestion active et durable des forêts nous offrent la souplesse nécessaire pour réagir au changement climatique. »

– Blake Brunsdon, chef forestier, J.D. Irving

couverture

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UN APERÇU //

Location:

Saint John, Nouveau Brunswick

Secteur :

Transformation du bois

Nombre d’employés (en 2010) :

15 000

Total des ventes (2010) :

plus de 50 millions CAD

Principaux déclencheurs de l’adaptation

Productivité à long terme des terres boisées

Observation des changements au climat

Engagement envers l’aménagement des terres

Mesures d’adaptation au changement climatique

Amélioration des processus décisionnels concernant les zones d’exploitation

Préservation ou amélioration de la santé des forêts

Compréhension des variations génétiques favorisant l’adaptation

Avantages opérationnels

Accroissement de la valeur des terres boisées

Amélioration de la résilience grâce à une plus grande diversité génétique


PROFIL DE L’ENTREPRISE //

SAINT JOHN, NOUVEAU-BRUNSWICK
www.jdirving.com
(crédit photo : J.D. Irving Limited)

      (crédit photo : J.D. Irving Limited)

J.D. Irving Limited (JDI) est un groupe familial fondé en 1882 par J.D. Irving, un entrepreneur d’origine écossaise. À l’origine, l’entreprise comportait plusieurs installations : une scierie, une meunerie, un moulin à carder pour fabriquer des textiles pour les vêtements, un magasin général, un commerce de bois et trois fermes. De nos jours, l’entreprise reste diversifi ée et compte six secteurs d’activité principaux : foresterie et produits forestiers // transport // construction navale et produits de l’industrie navale // vente au détail // équipement industriel, services et matériaux de construction // produits de consommation, tels que les pommes de terre congelées et les produits de papier tissu.

Les activités forestières de l’entreprise ont lieu dans l’est du Canada (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador, Québec et Ontario) de même qu’aux États-Unis (Maine). Les activités forestières de J.D. Irving sont extrêmement importantes dans les provinces atlantiques : au cours des 50 dernières années, l’entreprise a établi un record national en plantant plus de 850 millions d’arbres.

Comparativement aux autres sociétés forestières canadiennes, J.D. Irving possède des superficies considérables de terres au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans le Maine (É.-U.). Elle loue près d’un million des 2,3 millions d’hectares de terres qu’elle gère de la province du Nouveau-Brunswick.

Les forêts détenues ou gérées par l’entreprise au Canada et aux États-Unis sont certifi ées par la Sustainable Forestry Initiative. Les terrains boisés de JDI dans le Maine sont également certifi és par le programme du Forest Stewardship Council (FSC).

L’entreprise fabrique plusieurs produits forestiers, notamment ; de la pulpe servant à produire le papier ou le papier tissu, du papier d’impression de différentes qualités, du papier tissu pour les papiers-mouchoirs et les serviettes, du matériel d’emballage pour les denrées alimentaires et autres produits de consommation, des produits de bois d’oeuvre pour la construction, des matériaux de finition. J.D. Irving Limited vend la plupart de ces produits au Canada et aux États-Unis et fabrique les produits en papier tissu de marques MajestaMD, RoyaleMD et ScottiesMD (É.-U.).

LES ACTIVITÉS FORESTIÈRES ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

L’industrie forestière ressent déjà les effets du changement climatique.41 Examinons, par :

// Au cours des dernières années, un nombre considérable d’incendies ont sévi dans l’Ouest canadien.42 Bien que les perturbations causées par les incendies aient été faibles dans les provinces atlantiques dans le passé, les projections des modèles climatiques indiquent une augmentation future des risques d’incendie.43

// Il s’avère que l’intensité et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes et les sécheresses, ont été plus fortes dans les provinces atlantiques au cours des dernières années.44

// La période où le sol est gelé s’est raccourcie au cours des dernières années, compliquant la récolte de bois dans les zones humides ou dans les endroits où le sol peut se compacter facilement sous le poids de la machinerie lourde employée.

L’adéquation des essences aux conditions bioclimatiques dans les provinces atlantiques sera altérée par le changement climatique. Par exemple, la productivité nette de l’épinette noire (l’espèce dominante dans la forêt boréale du Labrador) augmentera en raison des températures printanières plus élevées.45

L’augmentation des sécheresses, dues à une diminution des précipitations estivales et à des températures plus élevées, risque de nuire à la régénération naturelle de même qu’à la santé des forêts matures.46 L’augmentation du nombre de cycles de gel et de dégel pourrait également affecter de nombreuses essences, notamment les arbres aux racines superficielles comme l’épinette.

Le changement de la dynamique des maladies et des insectes ravageurs peut se combiner aux perturbations directement liées au climat (telles que la chaleur ou la sécheresse) pour endommager les forêts. Par exemple, la tordeuse des bourgeons de l’épinette est la plus grande menace qui pèse sur les forêts du Nouveau-Brunswick. Même si des incertitudes scientifiques subsistent, il appert que des températures estivales plus élevées et des hivers plus doux pourraient entraîner un déplacement vers le nord de la répartition de cet insecte et occasionner davantage des épidémies graves et prolongées dans les zones déjà infestées.47

L’accroissement des sécheresses augmentera les risques d’incendie de forêt et en prolongera la saison, risquant de causer la dégradation ou la perte d’un plus grand nombre d’hectares de forêt.

Le changement climatique est susceptible de provoquer une hausse de la fréquence des tempêtes dans les provinces atlantiques, y compris une augmentation de la vitesse du vent qui constitue le facteur déterminant des dommages causés aux arbres.48

Le changement climatique pourrait également avoir une incidence sur les activités de fabrication de produits du bois, même si ses effets à cet égard sont moins bien compris. Par exemple, les retards et les perturbations du transport des produits dus à la température pourraient augmenter.

Le changement climatique pourrait également affecter les ventes internationales. Deux études suggèrent que les sociétés forestières canadiennes sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique comparativement aux sociétés concurrentes d’autres pays.49

Finalement, plusieurs services écosystémiques forestiers, comme la biodiversité et la séquestration du carbone, sont vulnérables au changement climatique. Cela aura sans doute des répercussions sur la performance environnementale des activités de gestion forestière, mais également sur le niveau de vie des collectivités tributaires des forêts, ce qui pourrait nuire à la réputation des sociétés forestières, d’autant plus que le gouvernement et le public surveillent davantage les activités de récolte du bois. À preuve, nombre de systèmes de certification d’une gestion durable des forêts ont commencé à intégrer la gestion des risques climatiques à leurs normes et exigences en matière d’audit.k

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DÉCLENCHEURS

J.D. Irving Limited a observé certains changements climatiques au cours des dernières années, tels que des hivers plus doux et une saison printanière plus hâtive. Ces changements ont déjà eu un effet perceptible sur la récolte d’hiver. L’entreprise possède beaucoup de bois dans des zones où la récolte doit s’effectuer lorsque les sols sont gelés. La réduction du gel hivernal et la fonte hâtive des glaces compliquent l’accès à ces sites.

La productivité à long terme des forêts est essentielle à la prospérité économique et à la performance environnementale de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle toutes les terres gérées par JDI font l’objet d’un plan de gestion qui comprend des prévisions à long terme (horizon de 80 ans) portant sur l’approvisionnement en bois, les collectivités forestières, les habitats et d’autres éléments de la gestion des terres. Ces plans sont réévalués tous les cinq ans. Le changement climatique aura des répercussions sur les plans de gestion forestière à long terme et sur les prévisions relatives au flux de bois, affectant dès lors les revenus, les budgets de modernisation et la compétitivité. C’est un important facteur qui a incité JDI à renforcer la résilience au changement climatique.

ACCENT SUR LE RENFORCEMENT DE LA RÉSILIENCE DES FORÊTS

J.D. Irving Limited ne dispose pas de stratégie explicite d’adaptation au changement climatique. Toutefois, la gestion des risques, dont ceux liés au changement climatique, fait partie intégrante de son engagement en matière d’intendance des terres. Elle est enchâssée dans la gestion de tous les types de forêts et de toutes les zones forestières administrées par l’entreprise.

Premièrement, JDI reconnaît que, pour gérer efficacement le futur changement climatique, l’entreprise doit avoir une bonne compréhension des conditions bioclimatiques locales, dont le climat, le sol et l’écologie. La prise de décisions appropriées pour chaque site est le premier élément des stratégies d’adaptation au changement climatique en matière de gestion forestière. Cela signifie « prendre les mesures appropriées aux bons endroits ». L’emploi de techniques de récolte, de soins sylvicoles et de régénération appropriés fait partie intégrante des opérations forestières dans tous les types de forêts, y compris les forêts de conifères, de feuillus et mixtes.

On a recours à une combinaison de régénération naturelle et d’établissement de peuplements plantés selon le type de forêt et les conditions qui prévalent. Les peuplements de feuillus sont généralement régénérés naturellement étant donné la production de semences et la germination prolifiques des feuillus. Les conifères sont régénérés naturellement ou par l’établissement de peuplements plantés. Lorsqu’on plante des arbres, on prend bien soin de choisir la meilleure essence ou le meilleur mélange d’essences pour le site en question.

J.D. Irving Limited a commencé à réviser ses décisions en sylviculture en tenant compte des effets du changement climatique. Par exemple, le sapin baumier du sud du Nouveau-Brunswick est attaqué par le puceron lanigère du sapin, un insecte ravageur qui endommage et tue les arbres, et dont la prolifération est favorisée par des hivers doux. Un changement climatique créera des conditions favorables à cet insecte. Par conséquent, l’entreprise plante souvent un mélange d’essences résistantes, comme l’épinette et le pin, plutôt que de compter exclusivement sur la régénération naturelle du sapin baumier, en partie pour augmenter la résilience aux dommages causés par le changement climatique.

Deuxièmement, J.D. Irving Limited investit dans des mesures qui maintiennent ou améliorent la santé des forêts. En général, des forêts en santé résistent mieux aux contraintes climatiques, telles que les sécheresses ou les tempêtes de vent, que des forêts déjà perturbées. JDI assure la croissance vigoureuse des arbres au moyen d’un régime actif d’éclaircie. Ce régime n’est pas strictement mis en oeuvre dans le cadre d’une stratégie d’adaptation, mais il renforce tout de même la résilience. Il améliore également la séquestration du carbone à long terme.

J.D. Irving Limited a mis sur pied un programme d’amélioration génétique des arbres basé sur la sélection d’arbres de la meilleure qualité possible dans les forêts de la région. Ces arbres de qualité supérieure sont greffés et plantés dans des vergers à graines pour produire des semences utilisées dans la production de stocks de reboisement. Les arbres choisis font l’objet de pratiques de sélection traditionnelles, et leurs descendants sont plantés dans des zones d’essais partout dans la région. Ils sont mesurés au fil du temps, la première mesure étant prise cinq ans après la plantation. Les analyses de croissance dans les zones d’essai sont utilisées pour comprendre les variations génétiques et pour déterminer le comportement des arbres du programme dans différents sites et sous divers climats. Ces analyses permettent également de comprendre comment les arbres réagiront au changement des conditions climatiques. L’entreprise mesure en moyenne 30 000 arbres par année dans le cadre de ce programme.

Ce travail est possible parce que les terrains que possède JDI présentent un grand nombre de caractéristiques bioclimatiques différentes. Par exemple, la période sans gel varie de 90 à 170 jours sur l’ensemble des terres détenues par JDI, ce que l’entreprise perçoit comme un écart beaucoup plus grand que le changement climatique prévu au cours des 50 prochaines années.

Finalement, J.D. Irving Limited investit de façon importante dans la gestion des risques d’incendie depuis plusieurs années. Par exemple, l’entreprise possède cinq aéronefs à voilure fixe et deux hélicoptères, prêts à intervenir pendant la saison des incendies. L’entreprise s’attend à ce que ces investissements réduisent sa vulnérabilité à une augmentation possible des risques d’incendie.

AVANTAGES ET ENJEUX

Globalement, l’entreprise dépense chaque année 1,5 million de dollars pour la recherche, effectuée la plupart du temps en collaboration avec les universités et le gouvernement. Cette somme n’est pas consacrée uniquement à l’adaptation au changement climatique. En fait, JDI reconnaît que beaucoup de ses efforts d’adaptation correspondent à de bonnes pratiques de gestion durable des forêts. Il est dès lors difficile d’évaluer les coûts et avantages des mesures d’adaptation.

Par exemple, grâce à son programme d’amélioration génétique des arbres et à ses pratiques de gestion forestière, l’entreprise s’attend à augmenter la valeur économique de ses terres boisées et à préserver une grande diversité génétique qui renforce incidemment la résilience au changement climatique.

Un autre aspect important, lié à l’approche de JDI en matière de gestion durable des forêts et de changement climatique, est l’empreinte carbone globale. Les estimations de séquestration du carbone sont fréquemment calculées en se basant sur une ou quelques composantes du continuum de la dynamique du carbone, de la forêt au cycle de vie d’un produit. La compréhension et l’intégration de la comptabilisation du carbone sont nécessaires pour déterminer la valeur des modes de gestion sur les plans économique et écosystémique.

POINT DE VUE SUR LE RÔLE DU GOUVERNEMENT

Les conséquences économiques du changement climatique sont considérables pour l’industrie. Bien que la variation génétique naturelle aidera à composer avec la variabilité climatique et les changements climatiques à long terme au cours des 50 prochaines années, le secteur forestier doit commencer à introduire de nouvelles essences résistantes au changement climatique futur. Cette forme d’adaptation devrait être mise en oeuvre graduellement, puisque l’effet d’une variabilité climatique à court terme (par exemple, des hivers plus froids que d’habitude) peut causer des dommages importants aux arbres nouvellement introduits, car ils sont moins résistants aux variations environnementales locales.

Il serait préférable que ce type de recherche et développement soit effectué dans le cadre d’un partenariat public-privé, puisqu’il est coûteux et nécessite des ressources importantes de même qu’une vaste réserve de ressources génétiques. Le Conseil sur l’amélioration des arbres du Nouveau- Brunswick (CAANB) est un bon exemple de collaboration entre les secteurs public et privé pour renforcer la résilience au changement climatique. Le CAANB facilite l’échange d’information et de matériel génétiques entre les organismes gouvernementaux, les entreprises et les universités.l

Le gouvernement peut également faciliter l’adaptation au changement climatique dans le secteur forestier en redéfinissant les zones d’amélioration des arbres en vue du changement climatique futur et en enrichissant l’information sur les sols et les sites afin d’améliorer la prise de décisions sur le terrain.

Finalement, les gouvernements fédéral et provinciaux devraient continuer de soutenir la recherche sur le changement climatique. Il est toutefois important d’effectuer des recherches sur les effets du changement climatique et sur les solutions d’adaptation.


[k] Par exemple, la nouvelle version de la norme de l’Association canadienne de normalisation sur la gestion durable des forêts (Z809-F08, Aménagement forestier durable) contient des dispositions sur l’étude des effets du changement climatique et sur l’adaptation à ceux-ci. Le Forest Stewardship Council ou FSC (un autre programme de certification et d’étiquetage international) étudie les possibilités d’engagement stratégique relativement à l’adaptation au changement climatique. Se référer à l’Association canadienne de normalisation 2008 et au Groupe de travail sur le carbone forestier 2010 du Forest Stewardship Council.
[l] Pour plus de renseignements, se référer à l’Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick, ND.
[41] Johnston et al. 2010
[42] Johnston et al. 2010
[43] Gouvernement du Nouveau Brunswick 2007; Vasseur et Catto 2008
[44] Gouvernement du Nouveau Brunswick 2007; Vasseur et Catto 2008
[45] Gouvernement du Nouveau Brunswick 2007; Vasseur et Catto 2008
[46] Gouvernement du Nouveau Brunswick 2007; Vasseur et Catto 2008
[47] Régnière 2009
[48] Régnière 2009
[49] Perez Garcia et al. 2002; Sohngen et Sedjo 2005

 

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